Infos Cambodge,  Infos Thailande

Le Cambodge et la Thaïlande échangent des tirs à la frontière dans leur pire crise depuis 15 ans

De nouveaux échanges de tirs ont éclaté jeudi 24 juillet à la frontière entre les armées du Cambodge et de la Thaïlande, ont indiqué le ministère cambodgien de la Défense et l’armée thaïlandaise. Si les deux pays s’opposent de longue date sur le tracé de leur frontière, la crise en cours est la plus grave depuis près de 15 ans. L’ambassade thaïlandaise a appelé ses ressortissants à quitter le Cambodge. Au moins un civil thaïlandais a été tué et plusieurs autres blessés dans une frappe d’artillerie cambodgienne.

Les deux pays se sont mutuellement accusés d’avoir ouvert le feu en premier. L’incident a eu lieu près de vieux temples, au niveau de la province thaïlandaise de Surin (Nord-Est) et celle cambodgienne d’Oddar Meanchey (Nord-Ouest). « Vers 8h20 (1h20 TU), les forces cambodgiennes ont ouvert vers le feu en direction du flanc est du temple Prasat Ta Muen Thom, à environ 200 mètres de la base thaïlandaise », a annoncé l’armée thaïlandaise dans un communiqué.

La Thaïlande a aussi accusé le Cambodge d’avoir utilisé un drone sur le site contesté, vers 7h35 (0h TU). « L’armée thaïlandaise a violé l’intégrité territoriale du Cambodge en lançant une attaque armée sur les forces cambodgiennes stationnées, a indiqué de son côté Maly Socheata, la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense. En guise de réponse, les forces armées cambodgiennes ont exercé leur droit légitime à l’autodéfense, en pleine conformité avec le droit international, pour repousser l’incursion thaïlandaise », a-t-elle poursuivi.

L’armée thaïlandaise a également dénoncé jeudi matin une « attaque ciblée contre des civils » par les forces cambodgiennes, blessant trois personnes. Selon Bangkok, deux roquettes BM-21 avaient touché une communauté dans le district de Kap Choeng de la province de Surin (Sud-Est). Le Bureau du Premier ministre thaïlandais a annoncé la mort d’un civil thaïlandais dans une frappe d’artillerie cambodgienne, dans la province frontalière de Surin : « Un obus d’artillerie cambodgien a frappé la maison d’un civil thaïlandais, tuant une personne, blessant grièvement un enfant de cinq ans et faisant deux autres blessés. »

L’ambassade thaïlandaise au Cambodge a appelé ses concitoyens à quitter le pays « le plus tôt possible ».

Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est s’opposent de longue date sur le tracé de leur frontière commune, définie du temps de l’Indochine française, mais la crise en cours est la plus grave depuis près de 15 ans.

La mort d’un soldat khmer à la suite d’échanges de tirs en pleine nuit, fin mai, dans une autre zone disputée de la frontière, surnommée le « Triangle d’émeraude », a mis le feu aux poudres entre Bangkok et Phnom Penh. Les deux capitales ont drastiquement réduit leurs échanges économiques et diplomatiques.

L’ambassadeur thaïlandais à Phnom Penh rappelé

Le Cambodge a rétrogradé au « plus bas niveau » les relations diplomatiques avec son voisin, a rapporté jeudi 24 juillet l’agence cambodgienne d’informations AKP. La veille, Bangkok a rappelé son ambassadeur en place à Phnom Penh et expulsé celui cambodgien de son territoire, après qu’un soldat thaïlandais a perdu une jambe en marchant sur une mine à la frontière.

Une enquête de l’armée thaïlandaise a permis de déterminer que le Cambodge avait posé de nouvelles mines terrestres à la frontière, ont indiqué les autorités thaïlandaises. Le Cambodge a rejeté ces accusations, et indiqué que des zones frontalières restent infestées de mines actives datant de « guerres du passé ».

Le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a déclaré, jeudi 24 juillet, que « la situation exigeait une gestion prudente » et « d’agir conformément au droit international ». « Nous ferons de notre mieux pour protéger notre souveraineté », a-t-il déclaré.

Les tensions ont conduit le Cambodge à suspendre l’importation de certains produits thaïlandais, et la Thaïlande à restreindre les déplacements aux points de passage à la frontière. Côté cambodgien, le Premier ministre Hun Manet, le fils de Hun Sen, a récemment annoncé la mise en place à partir de 2026 d’un service militaire obligatoire, qu’il souhaite de 24 mois, pour tous les jeunes âgés de 18 à 30 ans.

L’épisode moderne le plus violent lié à la frontière remonte à des affrontements qui ont éclaté autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui ont fait au moins 28 morts et provoqué l’évacuation de dizaines de milliers de riverains.

Radio France Internationale avec Agence France Presse – 24 juillet 2025

En poursuivant la visite de ce site, vous acceptez l’utilisation de traceurs (cookies) vous permettant juste d'optimiser techniquement votre navigation. Plus d’informations

En poursuivant la visite de ce site, vous acceptez l’utilisation de traceurs (cookies) vous permettant d'optimiser techniquement votre navigation. Aucune information sur votre utilisation de ce site ne sera partagée auprès de quelconques médias sociaux, de sociétés commerciales ou d'agences de publicité et d'analyse. Cliquer sur le bouton "Accepter", équivaut à votre consentement.

Fermer