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Cambodge – Thaïlande : quelle est l’origine du conflit entre les deux pays ?

Des affrontements sont en cours à la frontière séparant les deux voisins asiatiques. Plusieurs territoires sont contestés depuis des décennies.

Le bruit des armes a retenti à la frontière entre le Cambodge (17 millions d’habitants) et la Thaïlande (71 millions d’habitants), ce jeudi. Après près de deux mois de tensions croissantes entre les deux pays, des affrontements ont éclaté tôt dans la matinée, faisant au moins 12 morts et 31 blessés de part et d’autre de la frontière près de vieux temples disputés, au niveau de la province thaïlandaise de Surin (nord-est) et celle cambodgienne d’Oddar Meanchey (nord-ouest).

Comment expliquer ce déferlement soudain de violences entre les deux voisins asiatiques, culturellement et politiquement proches ? La réponse est dans les cartes : la frontière de 803 kilomètres qui les sépare est contestée en plusieurs endroits depuis plus d’un siècle.

Remontée des nationalismes

Les affrontements de ce jeudi prennent racine le 28 mai dernier. Au petit matin, un militaire cambodgien est mort dans un échange de tirs avec l’armée thaïlandaise, dans la région reculée du triangle d’émeraude près du Laos, revendiquée à la fois par le Cambodge et la Thaïlande. Si les circonstances de cette échauffourée restent floue, elle est à l’origine d’une escalade de tensions entre les deux pays. Fermeture des frontières terrestres, arrêt quasi-total des échanges commerciaux et montée en flèche des nationalismes ont signalé une détérioration rapide des relations entre les deux voisins. « Le Cambodge ne ploiera pas sous les intimidations de la Thaïlande », déclarait à Ouest-France, le 19 juin, un manifestant venu montrer son soutien au gouvernement cambodgien lors d’une manifestation géante à Phnom Penh.

Mais l’explosion en juillet de deux mines antipersonnel à la frontière, blessant grièvement deux militaires thaïlandais, a mis le feu aux poudres. Bangkok accuse Phnom Penh d’avoir placé les explosifs par-delà la frontière et a expulsé, mercredi, l’ambassadeur cambodgien. En réponse, Phnom Penh, a rétrogradé « au plus bas niveau » les relations diplomatiques avec son voisin. Jeudi, les deux capitales s’accusaient mutuellement d’avoir ouvert les hostilités, où tirs de mortiers et bombardements aériens ont été échangés.

La période coloniale à l’origine du conflit

La cause profonde de ces tensions frontalières est à aller chercher du côté de l’histoire coloniale de la région. Le tracé actuel de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande émane des traités franco-siamois de 1904 et 1907. La France, qui était alors l’autorité de tutelle en Indochine française, venait de reprendre à la Thaïlande les provinces de Siem Reap, Battambang et Sisophon, autrefois cambodgiennes. « Désormais le Cambodge se trouve remis en possession de tout le pourtour du lac Tonlé Sap, et notamment d’Angkor. Une commission de délimitation doit, sur ce point, compléter le traité », stipule le texte de 1907.

La commission cartographique produira une dizaine de cartes délimitant la frontière au niveau des montagnes de Dangrek. Mais les moyens de l’époque laissent place à la confusion et, dès les années 1930, les autorités de Bangkok contestent le tracé. La situation s’envenime une première fois en 1954, au lendemain de l’indépendance, quand l’armée thaïlandaise occupe le temple angkorien de Preah Vihear, en territoire cambodgien.

Le même temple fera l’objet de nouvelles contestations entre 2008 et 2013, où une succession d’échauffourées entre les deux armées a provoqué la mort de 28 personnes. Dans les deux cas, la Cour Internationale de Justice (CIJ), située à La Haye, a tranché en faveur du Cambodge, réitérant la légitimité des traités franco-siamois.

Le 16 juin, le Cambodge a déposé une nouvelle demande d’arbitrage à la CIJ pour résoudre la crise actuelle. Problème : la Thaïlande ne reconnait pas l’autorité de la cour.

Par François Camps – Ouest France – 25 Juillet 2025

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