L’avenir de la Thaïlande en péril : l’éducation et l’emploi menacés
L’avenir de la Thaïlande est en danger, et les signes avant-coureurs proviennent directement des salles de classe et du marché du travail.
Un nouveau rapport publié par le Bureau du Conseil national de développement économique et social (NESDC), l’Institut thaïlandais de recherche sur le développement (TDRI) et l’UNICEF soulève des inquiétudes quant à l’état du développement du capital humain en Thaïlande.
Le rapport intitulé « Développement du capital humain en Thaïlande : examen des lacunes, des obstacles et des options politiques » avertit que les écarts persistants et les occasions manquées pourraient compromettre les ambitions sociales et économiques à long terme du pays.
Il constate que si le pays a fait des progrès notables en matière d’accès à l’éducation et aux services de base, une part importante des enfants et des jeunes n’acquièrent toujours pas les compétences, les connaissances et la santé nécessaires pour réaliser leur plein potentiel.
Ils ne peuvent pas devenir des adultes en bonne santé et productifs.
Des progrès d’accès, mais des inégalités persistantes dès la petite enfance
Lors de la présentation du rapport, co-organisée par le NESDC, l’UNICEF et l’Union européenne à Bangkok, Kyungsun Kim, représentant de l’UNICEF en Thaïlande, a souligné l’importance d’investir dans la prochaine génération.
« La Thaïlande se trouve à un moment charnière pour relever les défis à long terme liés au vieillissement rapide et au déclin de sa population, tout en tirant parti, ce qui est important, du potentiel de la longévité et de ‘l’économie argentée’.
Cette ambition doit s’accompagner d’investissements dans les personnes, en particulier les enfants et les jeunes. »
Le rapport souligne que la malnutrition reste un obstacle majeur pour les jeunes enfants en Thaïlande, toutes les formes de malnutrition, y compris le retard de croissance, l’émaciation et le surpoids, atteignant des niveaux alarmants.
En outre, seuls trois enfants sur quatre âgés de 24 à 59 mois ont un développement normal, les enfants issus de familles à faible revenu, ceux qui ne sont pas inscrits dans l’enseignement préscolaire et ceux qui n’ont pas accès aux prestations pour enfants étant particulièrement exposés.
À l’âge scolaire, la Thaïlande a atteint un accès quasi universel à l’enseignement obligatoire, mais la qualité reste une préoccupation majeure.
Seuls 42 % des élèves de deuxième année possèdent des compétences en lecture, en écriture et en calcul adaptées à leur âge.
De plus, les résultats nationaux du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) de 2022 indiquent des résultats insuffisants persistants en mathématiques, en sciences et en lecture.
Les enfants des zones rurales, ceux qui ne parlent pas le thaï et ceux issus des ménages les plus pauvres sont confrontés à des obstacles plus importants à l’apprentissage.
Ces difficultés se répercutent sur la vie adulte.
Une éducation obligatoire, mais de faible qualité
Si la plupart des jeunes terminent leur scolarité obligatoire, un nombre important d’entre eux ne poursuivent pas leurs études dans le secondaire supérieur.
Parmi les Thaïlandais âgés de 25 à 34 ans, seuls 59 % ont terminé leurs études secondaires supérieures.
Le taux d’abandon scolaire est particulièrement élevé chez les jeunes hommes, les jeunes handicapés et ceux issus de ménages pauvres ou non thaïlandais.
Pour ceux qui entrent sur le marché du travail, la situation est également préoccupante.
Moins de 3 % des adultes employés en Thaïlande ont suivi une formation complémentaire après leur scolarité obligatoire.
En outre, moins de 12 % expriment le souhait de suivre une formation.
Même parmi ceux qui suivent une formation, les avantages sont souvent limités, seuls 39 % trouvant un emploi après avoir terminé leur formation.
Le rapport souligne également l’inadéquation entre l’éducation et l’emploi.
Plus de la moitié de la main-d’œuvre possède des qualifications qui ne correspondent pas aux exigences de leur emploi, ce qui entraîne un gaspillage de potentiel précieux et une baisse de la productivité globale.
Par ailleurs, environ 12,5 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans en Thaïlande ne sont ni scolarisés, ni employés, ni en formation (NEET).
Les jeunes issus de familles à faible revenu et ceux qui souffrent d’un handicap sont particulièrement vulnérables.
Les principaux freins identifiés
Le rapport identifie plusieurs obstacles qui entravent le développement du capital humain en Thaïlande.
Il s’agit notamment de :
- De l’aide sociale limitée accordée aux familles à faible revenu
- Du soutien insuffisant aux groupes vulnérables tels que les personnes handicapées et les personnes ne parlant pas le thaï
- De l’allocation inefficace des ressources dans l’éducation
- De l’inadéquation entre l’éducation, les programmes de formation professionnelle et les besoins du marché du travail
- Des obstacles psychosociaux généralisés tels que la faible motivation, la mauvaise santé mentale et le manque de soutien dans les environnements d’apprentissage
S’exprimant lors de la cérémonie de lancement, Danucha Pichayanan, secrétaire général du NESDC, a déclaré :
« Investir systématiquement dans le développement du capital humain n’est pas seulement un investissement stratégique à long terme, c’est un investissement essentiel pour propulser le pays vers une croissance durable. »
S’exprimant également lors de la cérémonie de lancement, David Daly, ambassadeur de l’Union européenne en Thaïlande, a déclaré dans son allocution :
« Investir dans le capital humain n’est pas seulement important, c’est essentiel pour soutenir la croissance, réduire les inégalités et renforcer la résilience face aux chocs futurs. »
Que faire ? Les recommandations du rapport
Le rapport présente des recommandations clés, notamment :
- L’élargissement de la protection sociale inclusive
- L’adaptation de l’éducation et de la formation aux divers besoins des apprenants
- La réforme de l’allocation des ressources afin de promouvoir l’équité et l’efficacité
- L’alignement des programmes d’études sur les besoins du marché du travail
- L’augmentation des investissements dans la santé mentale et le bien-être des apprenants
« Les preuves sont claires et les solutions sont à portée de main.
Ce dont la Thaïlande a besoin maintenant, c’est d’une action politique audacieuse et inclusive qui place les enfants et les jeunes au centre des politiques sociales et économiques », a ajouté M. Kim.
Toutelathailande.fr avec The Nation Thailand – 1er août 2025
Articles similaires / Related posts:
- Journée de l’enfance en Thaïlande : mise en garde contre la « génération perdue » Des experts mettent en garde contre la « génération perdue » à l’occasion de la Journée de l’enfance en Thaïlande....
- En Thaïlande une partie de la jeunesse est laissée pour compte Alors que la Thaïlande célèbre la Journée nationale de l’enfance ce samedi 11 janvier, une triste réalité se cache dans l’ombre....
- Abus d’autorité, harcèlement sexuel : en Thaïlande, un « guide de survie » pour les élèves Depuis le 12 novembre, le collectif d’étudiants thaïlandais les « Mauvais élèves » distribue à l’entrée de plusieurs écoles du pays un « guide de survie », à destination des élèves scolarisés dans l’équivalent des collèges et lycées....
- Thaïlande : une école résiste face à la montée des eaux Chaque matin, quatre enfants se tiennent debout, pieds nus, et entonnent fièrement l’hymne national lorsque le drapeau thaïlandais est hissé devant leur école, un bâtiment sur pilotis entouré par les flots....
- Les résultats de l’enquête Pisa affolent les chercheurs Un universitaire de renom a appelé à une réforme de l’éducation après que les élèves thaïlandais ont obtenu de mauvais résultats en mathématiques, en lecture et en sciences dans les dernières évaluations mondiales du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa)....