Phnom Penh saisit le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Bangkok se défend
La tension reste vive entre la Thaïlande et le Cambodge après les affrontements meurtriers de la fin juillet. Alors que Phnom Penh accuse l’armée thaïlandaise de maltraiter les soldats cambodgiens faits prisonniers, Bangkok rejette fermement ces allégations et les qualifie de “déformées”.
Appel du Cambodge aux Nations Unies
Dans un courrier officiel adressé au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, le président du Comité cambodgien des droits de l’homme (CHRC) a demandé la libération immédiate et sans condition des 18 militaires cambodgiens encore détenus. Le CHRC qualifie cette arrestation de violation grave du droit international humanitaire. Il a également transmis ce document au président en exercice de la Commission intergouvernementale de l’ASEAN sur les droits de l’homme (AICHR), que la Malaisie préside pour l’année 2025.
Réfutation et accusations de la Thaïlande
En réponse, la Thaïlande a réfuté les accusations de Phnom Penh. Elle qualifie la lettre du CHRC de “déformée” et “non conforme aux faits”. Selon Bangkok, la capture des soldats a eu lieu après une rupture unilatérale du cessez-le-feu par la partie cambodgienne.
Les autorités thaïlandaises rappellent qu’un accord de cessez-le-feu immédiat a été convenu le 28 juillet 2025 à Putrajaya, en Malaisie, lors d’une rencontre entre le Premier ministre par intérim de Thaïlande et le Premier ministre cambodgien. Malgré cela, la Thaïlande accuse le Cambodge d’avoir violé l’accord en poursuivant des attaques avec armes légères et grenades dans la région de Phu Makua, province de Sisaket, jusqu’au matin du 30 juillet. C’est dans ce contexte de reprise des hostilités que les forces thaïlandaises ont capturé vingt soldats cambodgiens.
Bangkok maintient que la détention de ces soldats respecte les conventions humanitaires internationales, notamment les Conventions de Genève de 1949, et ne constitue pas une infraction aux règles du droit international.
Libération partielle et appel à la transparence
Deux des soldats cambodgiens capturés, dont un blessé au bras et un autre souffrant d’un état de stress post-traumatique, ont été rapatriés au Cambodge le 1er août 2025. Les autorités thaïlandaises affirment que les soldats ont reçu des soins médicaux et psychologiques appropriés. Elles ont également documenté systématiquement les examens.
Face aux critiques, l’armée thaïlandaise s’est déclarée prête à autoriser des représentants du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) à inspecter les conditions de détention des soldats toujours sur le territoire thaïlandais.
Gavroche-thailande.com – 3 août 2025
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