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Désinformation : le Cambodge perd sa crédibilité sur la scène internationale

Les ambassades de plusieurs pays ont été contraintes de démentir publiquement des rumeurs relayées dans les médias cambodgiens.

À l’image de la Thaïlande, régulièrement contrainte de réfuter des rumeurs relayées par les médias cambodgiens et reprises par certains responsables politiques, plusieurs ambassades étrangères ont également dû publier des démentis officiels.

Quand les fake news sapent la crédibilité d’un pays

Au cours des trois ou quatre derniers jours, les médias et la société cambodgiens ont perdu beaucoup de leur crédibilité internationale.

En effet, d’importantes ambassades dans le monde, notamment celles de la Suède, du Japon, de la Corée du Sud et de la Chine, ont dû publier des communiqués pour démentir des fausses informations et des rumeurs circulant au Cambodge.

Suite à des articles de plusieurs médias cambodgiens affirmant que la Suède allait cesser de vendre des avions de combat Gripen à la Thaïlande, l’ambassade suédoise à Bangkok a été contrainte de publier un démenti officiel.

Le 6 août 2025, l’ambassade du Japon à Phnom Penh a déclaré :

« Il existe des rumeurs ou des informations selon lesquelles le gouvernement japonais fournirait des drones de combat à la Thaïlande, ces informations sont FAUSSES »

L’ambassade a écrit le mot « FAUSSES » (FALSE) en majuscules.

Quelques heures plus tard, l’ambassade de Corée du Sud à Phnom Penh a publié une déclaration similaire.

Elle a précisé que les informations publiées par la presse khmère selon lesquelles le gouvernement sud-coréen vendrait des bombes guidées par GPS à la Thaïlande ainsi que des avions d’attaque légers AT-6TH étaient également fausses.

Le 6 août, l’ambassade de Chine en Thaïlande a également dû démentir une fausse information selon laquelle elle aurait fait don de drones au Cambodge pour des opérations le long de la frontière thaïlando-cambodgienne et a réaffirmé son soutien à un cessez-le-feu.

Pourquoi les médias cambodgiens relaient-ils autant de fausses informations ?

La question est la suivante : que se passe-t-il ?

Pourquoi les médias cambodgiens ne se soucient-ils pas de vérifier les informations avant de les publier ?

Ces informations pourraient facilement être vérifiées auprès des ambassades concernées avant d’être publiées.

Ou bien ces médias cambodgiens veulent-ils croire des informations qui semblent profiter au Cambodge et qui sont favorables à leur propre pays ?

Étaient-ils prêts à se faire le simple porte-parole du gouvernement cambodgien, sans se soucier de la vérité ou du mensonge ?

Le ministre des Affaires étrangères thaïlandais, Maris Sangiampongsa, a noté que bon nombre de ces informations ont été reprises par les chaînes de télévision publiques, les sites d’information pro-gouvernementaux et les pages des réseaux sociaux liées aux organismes officiels.

Il a déclaré :

« Nous voyons les mêmes titres, les mêmes formulations, le même timing, ce n’est pas une coïncidence, c’est une stratégie. »

Quelle que soit la réponse, le résultat est que le Cambodge et les médias cambodgiens ont perdu beaucoup de crédibilité et de fiabilité aux yeux de la communauté internationale à la suite du conflit entre la Thaïlande et le Cambodge.

La population cambodgienne est désorientée, car elle risque de croire aux rumeurs et aux fausses informations, ce qui l’empêche d’analyser et d’évaluer de manière indépendante la situation conflictuelle.

Et cela ne fait qu’attiser la haine des ultra-nationalistes cambodgiens.

Le Cambodge classé dans les pires pays pour la liberté de la presse

Reporters sans frontières (RSF), dont le siège est à Paris, publie chaque année un classement mondial de la liberté de la presse.

Dans son dernier rapport 2025, le Cambodge se classe 161e sur 180 pays, ce qui est très mauvais.

RSF indique clairement que « de nombreux sujets sont impossibles à couvrir, comme l’opposition politique… ».

D’après un journaliste au Cambodge, il n’est pas facile de savoir ce qui pouvait ou ne pouvait pas être rapporté au Cambodge, car la ligne à ne pas franchir « semble écrite sur le sable », c’est-à-dire qu’elle change constamment.

RSF note également dans son rapport annuel :

« Inquiet pour son pouvoir après plus de 30 ans, Hun Sen a lancé une guerre impitoyable contre les médias cambodgiens avant les élections législatives de 2018, réduisant au silence les stations de radio et les journaux, purgeant les salles de rédaction et poursuivant les journalistes.

Les médias indépendants ont été dévastés avant même qu’il ne cède le pouvoir à son fils Hun Manet en août 2023. »

Par ailleurs, l’indice de liberté de la presse en Thaïlande se classe cette année au 85e rang sur 180 pays, même si l’article 112 (loi sur le crime de lèse-majesté) reste un obstacle majeur à la liberté de la presse thaïlandaise.

Une mauvaise nouvelle pour la paix

Pour Pravit Rojanaphruk, rédacteur principal du journal Khaosod, cette situation est alarmante :

« Si les médias cambodgiens ont une liberté très limitée ou souffrent de problèmes de qualité professionnelle, cela signifie que la résolution des problèmes entre la Thaïlande et le Cambodge sera plus difficile.

Le pouvoir de contrôler la vérité et de diffuser de fausses informations est entre les mains des dirigeants de Phnom Penh.

Le public cambodgien est induit en erreur par de fausses informations et est tellement vulnérable que les élites khmères peuvent pratiquement dicter à leur peuple comment il doit percevoir la Thaïlande.

C’est une tragédie et une mauvaise nouvelle non seulement pour le Cambodge, mais aussi pour les relations entre la Thaïlande et le Cambodge. »

Toutelathailande.fr avec Khaosod – 7 août 2025

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