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Thaïlande : les travailleurs cambodgiens qui n’ont pas encore fui le pays se retrouvent stigmatisés

Depuis le début des affrontements meurtriers à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, 700 000 travailleurs cambodgiens ont fui le territoire thaïlandais, sur une main d’œuvre immigrée totale d’un million de personnes, selon les autorités de Phnom Penh, poussés par un climat de haine envers l’autre de plus en plus délétère.

Mercredi, des dizaines de milliers de Cambodgiens ont encore afflué, valises à la main, vers les postes-frontière. Sur le million de travailleurs cambodgiens présents en Thaïlande, légalement ou non, presque les trois quarts sont déjà retournés au Cambodge depuis le début des affrontements entre les deux pays. Une tendance qui ne risque pas de changer dans l’immédiat.

En Thaïlande, après les appels lancés par des influenceurs d’extrême droite à traquer les Cambodgiens, plusieurs travailleurs migrants ont été pris pour cible, entre insultes, menaces et parfois même roués de coups violences physiques. L’avocate Koreeyor Manuchae, spécialisée dans la défense des travailleurs étrangers, explique que « ce ne sont plus seulement les États qui s’opposent. À l’échelle individuelle aussi, l’autre est perçu comme un ennemi. »

« Ils ne sortent pas, ils s’isolent, comme à l’époque du Covid »

Jusqu’à l’apparition de scènes de haine terribles. « Certains (Thaïlandais) vont patrouiller dans les marchés ou frapper aux portes pour identifier les Cambodgiens et s’en prendre à eux. Beaucoup de migrants ont peur. Ils ne se sentent plus en sécurité », explique l’avocate.

Ceux qui n’ont pas fui vers le Cambodge préfèrent se faire discrets, comme au plus fort de la pandémie de Covid 19, lorsqu’ils étaient déjà stigmatisés. « Ils ne sortent pas, ils s’isolent, comme à l’époque du Covid, décrit Koreeyor Manuchae. Certains vont même jusqu’à se mettre de la thanaka (une pâte cosmétique blanc-jaune, couramment utilisée en Birmanie pour couvrir le visage et parfois les bras, NDLR) pour se faire passer pour des Birmans. C’est une manière de se protéger. » 

L’avocate rappelle aussi le rôle clé de cette main-d’œuvre dans l’économie thaïlandaise : « La Thaïlande est déjà une société vieillissante. On manque clairement de main-d’œuvre, notamment non qualifiée, parce qu’on utilise encore peu de technologie pour compenser. On a besoin d’eux, on ne peut pas le nier. Et eux aussi ont besoin de travailler. » Mais selon elle, les centaines de milliers de Cambodgiens qui sont déjà partis ne sont pas près de revenir, malgré le fragile cessez-le-feu entre les deux pays. 

Par Valentin Cebron – Radio France Internationale – 7 août 2025

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