Thaïlande : un centre d’art contemporain de Bangkok censure des artistes après des «pressions chinoises»
En Thaïlande, l’un des principaux centres d’art contemporain de Bangkok a censuré certaines œuvres d’une exposition sur les régimes autoritaires. Une décision prise, selon l’agence Reuters qui a révélé l’affaire, sous la pression de Pékin. Notre correspondant à Bangkok a visité l’exposition et discuté avec une artiste hongkongaise dont le nom a disparu des murs.
Du début à la fin de l’exposition, des bandes de ruban adhésif noir, collées ici et là, sautent aux yeux. Parmi les artistes exposés, dans ce centre d’art contemporain dans la capitale de la Thaïlande, la Hongkongaise Clara Cheung raconte. « En gros, les noms des artistes tibétain, ouïghours et hongkongais ont été recouverts, et certaines œuvres d’un artiste tibétain ont même été retirées. C’est vraiment absurde ».
Son nom a donc été censuré, mais étonnamment, son installation est toujours là, aux côtés des œuvres d’artistes en exil, originaires de Birmanie, de Russie ou d’Iran. « L’ambassade de Chine à Bangkok était vraiment mécontente. Ce qui a déclenché cette colère, c’est la solidarité entre dissidents tibétains, ouïghours, hongkongais et artistes d’autres pays, le fait qu’ils soient ensemble. Ils ont eu peur que cela prenne encore plus d’ampleur ».
L’artiste ne blâme pas le centre d’art, mais déplore la réaction de Bangkok. « J’ai rencontré le conservateur en chef lors de ma visite, je connais leur position, donc je ne leur en veux absolument pas. Mais c’est regrettable que le gouvernement thaïlandais n’ait pas été capable de rester fort. Cet incident s’inscrit dans la continuité de cette vaste politique de censure et d’oppression transnationale menée par la Chine, qui utilise ses ambassades à l’étranger pour harceler les dissidents ». Exilée au Royaume-Uni, Clara Cheung s’inquiète du projet de méga-ambassade chinoise à Londres.
Par Valentin Cebron – Radio France Internationale – 17 août 2025