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Les investisseurs au Vietnam soumis à un contrôle strict de la police dans le cadre d’une réforme majeure

Les investisseurs au Vietnam, opérant dans les secteurs de l’énergie, des télécommunications, de la construction et d’autres domaines, devront obtenir l’approbation de la police pour leurs projets, selon un projet de décret visant à renforcer la sécurité et à garantir la « direction absolue » du Parti communiste au pouvoir.

Ce texte proposé par le ministère de la Sécurité publique, encore susceptible d’être modifié, pourrait entraîner une hausse des coûts de conformité pour les entreprises dans ce pays d’Asie du Sud-Est, tout en élargissant considérablement les prérogatives de l’appareil sécuritaire.

« Dans le développement socio-économique, la sécurité doit être assurée, sans sacrifier les intérêts nationaux au profit des avantages économiques », affirme la proposition publiée sur le site du ministère de la Sécurité publique, qui reste ouverte aux commentaires des autres ministères jusqu’au 22 septembre.

Le texte pourrait ensuite être promulgué par le Premier ministre, à condition qu’aucune modification majeure ne soit demandée.

Le Vietnam, dont l’économie est largement tournée vers l’exportation, dépend fortement des investisseurs étrangers et, à l’heure actuelle, n’effectue que des contrôles de sécurité limités sur la plupart des projets de développement, conférant à la police un rôle principalement consultatif. On ignore encore dans quelle mesure les nouvelles règles s’appliqueraient, si elles étaient adoptées, et si elles concerneraient uniquement les projets futurs.

Dans un document explicatif séparé, le ministère a justifié ces nouvelles dispositions par la nécessité de faire face à une situation internationale plus complexe, dominée par une compétition stratégique visant « à accroître la sphère d’influence des grandes puissances », sans toutefois préciser de quels pays il s’agit.

Le ministère n’a pas répondu aux sollicitations pour commenter ces informations.

Au Vietnam, pays dirigé par le Parti communiste, la police joue déjà un rôle crucial bien au-delà de la sécurité, exerçant une influence majeure sur la législation et affichant des intérêts croissants dans l’économie. Le chef du parti et homme fort du pays, To Lam, a dirigé le ministère de la Sécurité publique avant d’accéder au poste suprême. Par ailleurs, l’armée supervise un large éventail d’entreprises, dont des banques et le principal opérateur télécom, Viettel.

La réforme envisagée conférerait au ministère de la Sécurité publique le pouvoir d’examiner, pour des raisons de sécurité, les projets de développement touchant à de nombreuses infrastructures critiques, telles que les centrales nucléaires, les services de télécommunications et de satellites avec participation étrangère, les ports et les champs pétrolifères.

Des entreprises américaines comme SpaceX et Amazon prévoient de lancer leurs services de communication par satellite au Vietnam.

LES PROJETS DE GOLF AUSSI SOUMIS AU CONTRÔLE POLICIER

Des opérations apparemment moins sensibles nécessiteraient également l’aval du ministère, notamment les zones industrielles et les terrains de golf, selon le projet de décret.

Le Vietnam envisage d’étendre son industrie du golf, qui compte actuellement près de 100 parcours, d’après l’Association vietnamienne de golf. L’entreprise familiale de l’ancien président américain Donald Trump s’est associée à un promoteur local pour construire un vaste complexe de golf près de Hanoï.

Le pays accueille également d’importantes opérations industrielles de multinationales telles que le sud-coréen Samsung Electronics, le japonais Honda ou encore l’américain Intel, attirées par la faiblesse du coût du travail, mais qui ont parfois exprimé des inquiétudes concernant la lenteur des procédures d’approbation des projets.

Le ministère, épaulé par les forces de police nationales et locales, devra déterminer si des conditions de sécurité, encore à définir, sont réunies pour permettre la réalisation des projets, y compris ceux impliquant des investisseurs étrangers, selon le projet de texte.

Un consultant juridique basé au Vietnam, ayant requis l’anonymat pour s’exprimer librement, estime que ce décret donnerait de facto à la police un droit de veto sur les projets, et souligne que certaines entreprises ont exprimé des préoccupations concernant le projet, craignant une hausse des coûts de conformité et des retards dans la mise en oeuvre des projets.

D’autres représentants du monde des affaires, de la diplomatie ou du droit, contactés par Reuters à propos du projet de décret, n’ont pas souhaité faire de commentaires, certains invoquant la sensibilité du sujet ou un manque de clarté concernant la règle envisagée.

Selon la proposition, le ministère de la Sécurité publique développera également un mécanisme pour superviser et inspecter les projets financés par l’aide étrangère, et « évaluera de manière exhaustive les impacts sur la sécurité, l’ordre social et la sûreté des projets à capitaux étrangers, mis en oeuvre dans de nombreuses localités clés, où vivent de nombreux travailleurs », précise le document.

Un décret similaire avait été mis en oeuvre en 2019 afin de garantir la prise en compte des priorités de défense dans les projets économiques, mais il conférait à l’armée des pouvoirs moins explicites et était plus limité dans son champ d’application.

Par Francesco Guarascio & Khanh Vu – Reuters – 18 septembre 2025

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