Un rapport scientifique éclaire le futur train à grande vitesse Nord-Sud Vietnam
L’Université des Transports et des Communications (UTC) vient de publier un rapport scientifique majeur dans le cadre du projet de ligne ferroviaire à grande vitesse reliant le Nord et le Sud du Vietnam. Le document rassemble 24 études menées par des experts vietnamiens et internationaux pour examiner les meilleures technologies et pratiques pour la conception, la construction, l’exploitation et la gestion de chantier titanesque.
Le projet vise à relier la gare Ngoc Hoi à Hanoï à celle d’Hô Chi Minh-Ville (gare de Thu Thiêm) sur une distance de 1 541 kilomètres, avec une vitesse maximale estimée à 350 km/h. Le coût estimé de ce projet s’élève à 67,34 milliards de dollars, faisant de cette ligne l’un des plus grands investissements dans le secteur des transports au Vietnam.
Le rapport de l’UTC met en lumière plusieurs pays comme sources d’inspiration, chacun offrant une approche spécifique.
Un projet national d’envergure
Le Japon est un pionnier en matière de ligne ferroviaire à grande vitesse avec le Shinkansen, en service depuis 1964. Ce pays illustre l’importance d’une gestion centralisée et d’une stratégie de sécurité, de fiabilité et de développement urbain autour des gares grâce à son modèle de Transit Oriented Development (TOD) qui génère des ressources financières supplémentaires conséquentes à travers l’immobilier et les services commerciaux.
La Corée du Sud, de son côté, montre comment un recours efficace au partenariat public-privé (PPP) peut répartir les risques entre l’État et les investisseurs et créer un environnement attractif pour les investisseurs privés.
La Chine, elle, a bâti le plus grand réseau ferroviaire rapide du monde (47 000 km), au départ grâce à des investissements massifs de l’État. Le pays a, par la suite, ouvert progressivement certaines activités aux acteurs privés, comme la production de matériel roulant ou l’ingénierie.
En Europe, l’exemple de l’Allemagne souligne la nécessité de soumettre le projet à des évaluations environnementales et sociales, tout en garantissant une concurrence transparente entre les opérateurs.
Enfin, les États-Unis offrent un contraste intéressant, privilégiant une approche bottom-up où les universités et entreprises locales sont souvent à l’origine des initiatives.
L’avis des experts vietnamiens
Pour le docteur Nguyen Hong Thai, professeur de l’Université des Transports et des Communications, chacune de ces expériences internationales apporte des enseignements précieux pour le projet vietnamien : la sécurité et le modèle TOD du Japon, le rôle du PPP coréen, la flexibilité chinoise entre impulsion étatique et ouverture progressive, la concurrence transparente allemande. Selon lui, le Vietnam a tout intérêt de jouer à la fois le rôle d’architecte institutionnel et celui de garant du risque pour permettre la création d’un environnement attractif pour les investisseurs.
Le docteur Nguyen Van Hung, président de l’UTC, propose quant à lui un modèle de coopération à cinq parties. C’est un schéma reposant sur cinq piliers et qui va au-delà des stratégies traditionnelles associant État-université-entreprises en incluant les unités de transfert de technologies et les communautés locales. Cette configuration permettrait de garantir le développement des compétences nationales et la mise en place de technologies stratégiques en répartissant les rôles : l’État reste un architecte institutionnel, les entreprises des moteurs du marché et l’université une source de savoir, tandis que les deux nouveaux acteurs viennent enrichir et compléter le dispositif.
Ainsi, à travers ce rapport, le Vietnam entend s’appuyer sur des modèles internationaux divers pour développer un modèle qui lui est propre et faire de la ligne Nord-Sud un projet moderne, efficace et adapté aux besoins du pays.
Lepetitjournal.com – 23 septembre 2025
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