Thaïlande : onze leaders des «chemises rouges» condamnés à des peines de prison
La justice thaïlandaise a condamné, mardi 7 octobre, onze leaders du mouvement des « chemises rouges » à des peines allant jusqu’à plus de quatre ans de prison pour les manifestations antigouvernementales en 2010, dont la répression avait fait plusieurs dizaines de morts.
En Thaïlande, onze leaders du mouvement des « chemises rouges » ont été reconnus coupables d’avoir enfreint l’état d’urgence imposé pendant les manifestations de 2010, qui visaient à renverser le Premier ministre de l’époque, Abhisit Vejjajiva.
Cinq d’entre eux, dont Jatuporn Prompan, ont été condamnés à quatre ans et quatre mois de prison. Six autres ont écopé de quatre mois d’emprisonnement et deux personnes ont été acquittées, a déclaré Jatuporn Prompan à l’AFP. « Nous respectons le verdict du tribunal », a-t-il déclaré, ajoutant que son équipe juridique allait demander une libération sous caution.
Des dizaines de milliers de « chemises rouges », ainsi désignés par la couleur de leur tenue, avaient pris le contrôle de carrefours stratégiques dans la capitale Bangkok en 2010. Certains avaient érigé des camps fortifiés, affrontant les autorités.
Partisans de l’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, les manifestants protestaient contre sa condamnation pour corruption. À l’époque, Thaksin Shinawatra avait déjà été renversé par un coup d’État militaire en 2006 et avait fui le pays.
90 morts et plus de 2000 blessés lors de ces protestations
Les protestations ont paralysé les institutions gouvernementales pendant plus de deux mois et se sont terminées dans le sang, lorsque les soldats ont tiré des balles réelles. Au moins 90 personnes ont été tuées et plus de 2 000 autres ont été blessées, selon l’ONG Human Rights Watch.
Les autorités avaient annoncé en 2012 accuser Abhisit Vejjajiva et son adjoint Suthep Thaugsuban de meurtre pour cette répression sanglante, mais ils ont été acquittés. Au contraire, l’ex-chef du département des investigations spéciales, qui avait cherché à les inculper, a lui-même été poursuivi et condamné à deux ans de prison pour malfaisance en 2023.
Le magnat milliardaire Thaksin Shinawatra, défendu par les « chemises rouges », et sa dynastie politique sont aux prises depuis deux décennies avec les institutions pro-monarchie et pro-armée. Il purge actuellement une peine d’un an dans une prison de Bangkok, après que la Cour suprême a jugé le mois dernier qu’il n’avait pas correctement purgé une autre peine, prononcée en 2023.
Radio France Internationale avec Agence France Presse – 7 octobre 2025
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