Street, crise diplomatique : le Vietnam électrifie ses rues, le Japon est en colère et Honda en état de choc !
Quand le Vietnam tourne la page du moteur à combustion, le Japon fulmine et Honda tousse. Le gouvernement de Pham Minh Chinh a signé en juillet une directive historique : interdiction des motos à essence dans le centre de Hanoï dès la mi-2026, avant un élargissement progressif en 2028. Officiellement, l’objectif est clair — lutter contre la pollution urbaine. Officieusement, c’est une bombe diplomatique et industrielle.
Derrière l’annonce vietnamienne, un colosse vacille : Honda, véritable empire du deux-roues en Asie du Sud-Est. Avec 80 % de parts de marché au Vietnam — soit 2,6 millions de motos vendues en 2024 — le constructeur nippon incarne la moto elle-même pour des millions de Vietnamiens.
Mais cette domination est soudainement fragilisée. Depuis la publication du décret, les ventes ont chuté de 22 % en août par rapport à juillet, et les baisses à deux chiffres se sont enchaînées sur deux mois.
Un représentant de Honda, sous couvert d’anonymat, aurait même confié à Reuters que la production pourrait être révisée si le plan n’était pas ajusté — tout en assurant publiquement qu’aucune fermeture d’usine n’était prévue.
Le message venu de Tokyo est limpide : freiner le calendrier. L’ambassade du Japon à Hanoï a adressé une note diplomatique au gouvernement vietnamien, avertissant qu’un changement aussi brutal pourrait “affecter l’emploi dans les secteurs connexes”, notamment chez les concessionnaires et les fournisseurs.
Le texte appelle à une “feuille de route appropriée” vers l’électrification, avec une période préparatoire et une mise en œuvre progressive.
Derrière cette position officielle, les constructeurs japonais — menés par Honda, mais rejoints par Yamaha et Suzuki — redoutent un effet domino industriel.
“Une transition trop rapide pourrait provoquer des perturbations de production et des faillites dans la chaîne d’approvisionnement,” ont-ils averti, plaidant pour “deux à trois ans supplémentaires” afin d’adapter les lignes, déployer les bornes de recharge et fixer des normes de sécurité stables.
Pendant que Honda vacille, un acteur local savoure sa revanche : VinFast.
Le constructeur vietnamien, déjà lancé dans l’automobile électrique, a vu ses ventes de motos et vélos électriques bondir de 55 % au deuxième trimestre. Et les enquêtes de septembre annoncent une accélération spectaculaire à l’approche de l’interdiction.
Ce basculement profite aussi à d’autres marques locales plus agiles sur le segment électrique, tandis que les immatriculations de véhicules thermiques ont chuté de 18 % en septembre.
Toyota, qui domine encore le marché automobile, observe la scène avec prudence — mais le signal est clair : le Vietnam veut se défaire de la dépendance aux moteurs japonais.
Pour le Japon, la mesure vietnamienne n’est pas seulement un revers industriel, c’est une fissure dans un partenariat stratégique vieux de plusieurs décennies.
Tokyo a investi massivement dans le développement industriel vietnamien, Honda étant l’un des symboles les plus visibles de cette coopération.
Aujourd’hui, le choc est autant politique qu’économique. Le Japon redoute une perte d’influence dans une région où la Chine pousse ses propres technologies électriques.
Hanoï, de son côté, affirme sa souveraineté industrielle, en favorisant les champions nationaux de la mobilité verte.
Le Vietnam veut respirer, mais le Japon étouffe : entre l’urgence écologique vietnamienne et la dépendance industrielle japonaise, le duel s’annonce brutal.
Et à court terme, une certitude émerge : Honda sera le grand perdant de cette guerre verte.
Par André Lecondé – Paddock-gp.com – October 27, 2025
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