Birmanie : trois artistes arrêtés pour avoir critiqué les élections organisées par la junte au pouvoir
Un réalisateur, un acteur et un comédien ont été interpellés chez eux «pour avoir publié sur les réseaux sociaux des critiques fausses et trompeuses» à l’encontre d’autres artistes qui avaient produit un film en faveur des élections.
Trois artistes accusés d’avoir dérogé à une loi promulguée en juillet interdisant la critique des élections prévues fin décembre en Birmanie ont été arrêtés, ont indiqué jeudi les médias d’État.
Le journal de la junte, Global New Light of Myanmar, a déclaré que ces hommes – un réalisateur, un acteur et un comédien – avaient été interpellés chez eux «pour avoir publié sur les réseaux sociaux des critiques fausses et trompeuses» à l’encontre d’autres artistes qui avaient produit un film en faveur des élections.
Ce film, diffusé en boucle à la télévision d’État, contient des scènes dans lesquelles un médecin de village exhorte les combattants de l’opposition à déposer les armes et à soutenir les élections, qui doivent débuter le 28 décembre.
Entre trois et sept ans de prison
La loi introduite en juillet interdit «tout discours, organisation, incitation, protestation ou distribution de tracts visant à détruire une partie du processus électoral». Les personnes reconnues coupables encourent entre trois et sept ans de prison, qui peuvent être portés de cinq à dix ans en cas d’association. Les partis autorisés à présenter des candidats aux élections législatives en Birmanie ont commencé leur campagne mardi.
La Birmanie est minée par une guerre civile meurtrière depuis que l’armée a renversé en 2021 le gouvernement démocratique d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix. Les groupes rebelles ont annoncé qu’ils boycotteraient les élections dans les importantes enclaves qu’ils contrôlent tandis que les défenseurs des droits ont dénoncé les restrictions aux libertés dans la campagne dans les zones tenues par la junte.
La presse internationale sera autorisée à couvrir les élections en Birmanie, après approbation des demandes par le pouvoir, ont annoncé les autorités mercredi. Le ministère de l’Information «examinera et approuvera les (demandes des) médias internationaux éligibles», selon le communiqué. Les modalités du processus et les médias autorisés restent pour l’heure inconnus.
Le Figaro avec Agence France Presse – 31 octobre 2025
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