En pleine guerre civile, le programme RSF pour la liberté de la presse en Birmanie a soutenu plus de 300 journalistes en un an
Plus de 300 journalistes ont bénéficié du Myanmar Press Freedom Project, lancé il y a un an par Reporters sans frontières (RSF). Basé en Thaïlande, ce programme continuera d’étendre son aide aux journalistes birmans – à la fois à l’intérieur du pays et en exil – en leur fournissant des équipements essentiels et des formations.
Protéger les journalistes indépendants est plus urgent que jamais alors que la junte intensifie sa répression à l’approche des élections générales de décembre 2025, largement dénoncées comme une mascarade par les experts et les observateurs internationaux.
Depuis le coup d’État de 2021, la junte militaire au pouvoir en Birmanie persécute brutalement la presse : sept journalistes et défenseurs de la liberté de la presse ont été exécutés et plus de 200 ont été emprisonnés, dont au moins 51 sont toujours derrière les barreaux, selon les données de RSF. À l’approche des élections générales, les violations de la liberté de la presse se multiplient, marquées par des coupures régulières d’Internet et l’adoption d’une loi restreignant encore davantage le droit à l’information.
Pour venir en aide à ces professionnels des médias en danger, le Myanmar Press Freedom Project a formé plus de 210 journalistes au journalisme d’investigation, à la sécurité en zone de conflit, à la cybersécurité, à la protection de la santé mentale et à d’autres compétences essentielles. Le programme a également distribué du matériel indispensable – ordinateurs portables, téléphones, batteries solaires et stations de recharge – à plus de 140 autres journalistes au cours de l’année écoulée. Au total, 349 journalistes ont reçu une aide, et le projet continue à se développer.
Le Myanmar Press Freedom Project est géré depuis la Thaïlande voisine, qui accueille plus de 300 journalistes et 60 médias exilés de Birmanie, selon les données de RSF, en raison de la répression exercée par la junte contre le journalisme. Initialement établi à Chiang Mai, la deuxième plus grande ville du pays, le projet a été étendu en juillet 2025 avec l’ouverture d’une nouvelle antenne dans la ville frontalière de Mae Sot, en partenariat avec Docu Athan, une ONG locale qui soutient les créateurs birmans – journalistes, cinéastes et artistes. Ce nouveau centre offre aux journalistes birmans en exil — dont certains continuent de reporter depuis l’intérieur du pays — un meilleur accès à du matériel professionnel, à un soutien technique et à des formations.
Le programme de RSF permet également de soutenir la radio indépendante Federal FM, qui diffuse actuellement dans l’est du Myanmar, dans l’expansion de ses activités grâce à un nouvel émetteur capable d’atteindre les auditeurs du centre du pays, où de nombreuses zones restent sous le contrôle de la junte hostile à la presse.
“Le Myanmar Press Freedom Project reflète l’engagement de longue date de RSF à soutenir les journalistes menacés, en particulier ceux confrontés à des situations extrêmes. Plus que jamais, l’extension de ce programme est essentielle pour permettre aux journalistes birmans de continuer à produire une information factuelle face à la propagande de la junte.
Cédric Alviani Directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF
Centres RSF pour la liberté de la presse
Dans les contextes de crise majeure pour la liberté de la presse, RSF met en place des Centres pour la liberté de la presse afin de fournir aux journalistes et aux médias le matériel, l’assistance et les ressources nécessaires pour poursuivre leur travail dans les conditions les plus sûres possibles. En Ukraine, RSF a ouvert un centre à Lviv peu après l’invasion à grande échelle menée par la Russie, afin de soutenir les médias ukrainiens. Depuis décembre 2024, ses activités sont centralisées à Kyiv, la capitale, pour mieux répondre aux besoins des journalistes. RSF gère également un centre à Beyrouth, au Liban, pour venir en aide aux journalistes de la région affectés par la guerre à Gaza.
Classée 169e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2025 de RSF, la Birmanie est la deuxième plus grande prison de journalistes au monde, juste derrière la Chine.
Reporters Sans Frontières (RSF) – 10 novembre 2025
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