La Thaïlande ne veut décidément pas de pilotes étrangers dans ses cockpits

Pilote de ligne est l’un des emplois protégés, réservés aux seuls thaïlandais. Le ministère du travail avait accordé une dérogation à une compagnie mais la justice vient de voler au secours des pilotes locaux.

C’est une mauvaise nouvelle qui vient de tomber pour les pilotes d’avion étrangers mais une victoire pour l’Association des pilotes thaïlandais.

Le 13 décembre 2024, le ministère thaïlandais du Travail avait accordé une autorisation spéciale et temporaire à la compagnie Thai VietJet. Elle devait prendre fin le 31 janvier 2026. Confrontée à une pénurie d’appareils ne lui permettant pas de répondre à la demande, elle avait demandé et obtenu l’autorisation de louer deux avions avec leur équipage. Malgré son caractère exceptionnel, cette dérogation aurait pu faire jurisprudence, dans un pays où s’installer aux commandes d’un vol intérieur est interdit aux étrangers, comme une trentaine d’autres professions. L’Association des pilotes thaïlandais s’en était ému, craignant que d’autres compagnies utilisent désormais le même prétexte.

1.000 pilotes brevetés thaïlandais attendraient un emploi

Mardi 18 novembre 2025, la Cour administrative suprême a annulé l’autorisation, même temporaire, avec effet immédiat, considérant qu’elle entravait les perspectives de carrière des pilotes thaïlandais. Selon leur association professionnelle, plus de 1.000 pilotes brevetés attendraient un emploi. Le tribunal justifie sa décision avec des mots forts et clairs. « Bien que le ministre du Travail ait le pouvoir d’annoncer des exemptions concernant les emplois pour les étrangers, cela n’est autorisé que dans des cas spéciaux impliquant la protection de la sécurité et de l’économie nationales, ou la prévention d’une catastrophe. La décision du ministre ne doit pas avoir d’incidence sur la sécurité nationale, les opportunités de carrières locales, la promotion du savoir-faire thaïlandais ou le besoin de main d’œuvre étrangère pour le développement du pays. »

Jurisprudence dans le bon sens

Pour le président de l’Association des pilotes thaïlandais, cette décision fera jurisprudence, mais dans le bon sens, « établissant une nouvelle norme pour l’aviation thaïlandaise et les futurs gouvernements. » Teerawat Angkasakulkiat a ajouté avec enthousiasme que « l’embauche de pilotes devrait s’améliorer l’année prochaine car de nombreuses compagnies aériennes thaïlandaises développent leurs flottes. »

Il faut savoir qu’un appareil dit « monocouloir » qui rejoint une flotte nécessite l’embauche de 8 à 12 pilotes. Un gros porteur requiert quant à lui 14 à 16 pilotes. Les avions ne dorment presque jamais. Les pilotes, eux, ont besoin de formation et de repos…

Lepetitjournal.com – 19 novembre 2025