Le Parti du peuple met en garde Anutin contre la dissolution
Le Parti du Peuple a vivement critiqué la déclaration du Premier ministre Anutin Charnvirakul, selon laquelle il pourrait dissoudre le parlement le 12 décembre si une motion de censure était déposée. Selon le parti, une telle décision risquerait de saper la confiance du public et de perturber le processus de réforme constitutionnelle en cours.
Le député de liste nationale et porte-parole du Parti du Peuple, Parit Wacharasindhu, a comparé la position du Premier ministre à celle d’un entrepreneur abandonnant un projet ou fermant une entreprise pour éviter tout contrôle ou examen.
« Bien qu’il y ait encore un débat juridique sur la possibilité de dissoudre le Parlement après le dépôt d’une motion de censure, la Constitution stipule clairement qu’il est interdit au Premier ministre d’utiliser ce pouvoir pour échapper au contrôle », a-t-il déclaré.
Parit a ajouté qu’il ignorait le message que le Premier ministre cherchait à transmettre, mais a averti qu’une telle dissolution « affecterait l’opinion publique, en particulier à l’approche des prochaines élections et alors que le Premier ministre a annoncé sa candidature pour un nouveau mandat ».
Le député a ensuite précisé trois conditions pouvant entraîner le dépôt d’une motion de censure par le Parti du Peuple :
- si le parlement n’est pas dissous d’ici le 31 janvier 2026, comme prévu dans le protocole d’accord (MoA) entre le Parti du Peuple et le Bhumjaithai ;
- si la réforme constitutionnelle n’est pas achevée lors de la troisième lecture avant la fin de l’année ;
- ou si certaines politiques gouvernementales sont jugées préjudiciables à l’intérêt public.
Interrogé sur le risque de devoir choisir entre faire pression pour l’amendement constitutionnel et soutenir le gouvernement, Parit a souligné que le MoA prévoit que leur partenaire serait toujours un gouvernement minoritaire, ce qui permet à l’opposition d’utiliser les mécanismes de la Chambre, y compris un débat de défiance, pour garantir l’exécution de l’accord.
Il a précisé que d’autres partis, dont le Pheu Thai, peuvent également déposer une motion de censure, mais que tous s’accordent sur la nécessité de finaliser rapidement la réforme constitutionnelle.
Le député Pheu Thai et membre de la commission parlementaire sur la réforme, Dr Cholnan Srikaew, a estimé que la menace de dissolution du Premier ministre équivalait à « une intimidation de l’opposition prête à demander un débat de défiance », et ajoutant que cela revenait à « prendre la Constitution en otage ».
Le Premier ministre Anutin avait annoncé le 20 novembre qu’il était prêt à dissoudre le parlement le 12 décembre, invoquant une situation politique intenable pour un gouvernement minoritaire, qui risquerait d’échouer face à un débat de défiance.
Le ministre du Bureau du Premier ministre, Paradorn Prissanananthakul, a rappelé que le calendrier parlementaire ne permettrait pas de compléter la troisième lecture du projet de réforme constitutionnelle, qui exige un intervalle de 15 jours. Il a également averti que la dissolution annulerait l’ensemble du projet de loi, obligeant le parlement à recommencer le processus depuis le début.
Gavroche-thailande.com – 23 novembre 2025
Articles similaires / Related posts:
- La fille de Thaksin mise sur la nostalgie pour gagner les élections en Thaïlande Vantant l’héritage populiste de sa famille milliardaire et ses victoires électorales massives, la Thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra apparaît comme la candidate à battre dans les prochains sondages, pariant que la nostalgie peut gagner des millions de votes de la classe ouvrière....
- Législatives en Thaïlande : les électeurs aspirent à la stabilité Depuis plus de 20 ans, la vie politique thaïlandaise est animée par des luttes entre l’armée et la richissime famille Shinawatra. Il semble que le scrutin du 14 mai n’échappe pas à la règle. Entretien avec Marie-Sybille de Vienne, professeur d’histoire économique et de géopolitique de l’Asie du Sud-Est à l’INALCO. Elle est également membre de l’Académie des sciences d’Outremer....
- Le Pheu Thai accélère sa stratégie de confrontation avec le Move Forward Le parti Pheu Thai a modifié sa stratégie, appelant les électeurs à voter pour le Pheu Thai afin d’écarter les autres partis, au grand dam du parti Move Forward (MFP) dont la campagne semble prendre de l’ampleur....
- Législatives en Thaïlande : le roi un sujet tabou? En Thaïlande, l’opposition caracole en tête des sondages pour les législatives de ce dimanche 14 mai, pour la première fois depuis les grandes manifestations pro-démocratie, qui avaient secoué le pays en 2020, avec cet objectif : réformer la monarchie et le statut de quasi-divinité du roi Maha Vajiralongkorn. Quel rôle joue cette revendication dans la campagne électorale ?...
- A quoi ressemble le paysage politique thaïlandais en cette fin 2025 ? En Thaïlande, une élection générale doit légalement se tenir 60 jours après la dissolution de la Chambre basse. Le Premier ministre Anutin Charnvirakul a, lors de sa déclaration de politique générale, promis une dissolution fin janvier 2026. Au moment où j’écris ces lignes, 104 jours nous séparent de l’annonce tant scrutée par les députés et les partis. Tous s’y préparent en amont et il nous a paru opportun de dresser un état des lieux de cette bataille électorale à venir....