Au Cambodge, enquêter sur les dégradations de l’environnement est mortel
La mort du journaliste Chhoeung Chheng, spécialisé dans l’environnement rappelle à quel point, au Cambodge, ce sujet est devenu dangereux, car il met en lumière la corruption des autorités. Une revue de presse publiée à l’occasion de la campagne “Changez leur histoire” d’Amnesty International qui a lieu du 27 novembre au 14 décembre.
Chhoeung Chheng était devenu journaliste pour essayer de sauver la forêt. Il filmait les dégradations et les coupes d’arbres dans le sanctuaire de Beng Per, situé dans le nord du Cambodge.
Mais couvrir les dégradations environnementales est risqué “car cela lève le voile sur les activités illégales des forestiers et sur la corruption des autorités”, rappelle l’enquête de Forbidden Stories reprise par le journal cambodgien CamboJAnews : Chhoeung Chheng a été assassiné en décembre 2024. C’est un fermier de son village qui lui a tiré dessus.
L’homme est emprisonné et attend son procès. Il risque une peine de quinze ans de prison. Les motivations de son acte ? Difficile d’y voir clair dans un pays où couper des arbres peut être un moyen de subvenir à ses besoins quand on vit dans la grande pauvreté. Mais les proches de la victime estiment quant à eux que le fermier aurait été payé pour faire taire le journaliste.
“Aujourd’hui, presque aucun journaliste d’investigation n’est en mesure de traiter ces sujets. Le flux d’informations repose donc sur des journalistes comme Chheng : des personnes qui se sont lancées dans ce domaine sur le tard, sans autre compétence que celle de filmer ce qu’elles voient”, écrit Forbidden Stories, dont la vocation est de reprendre les enquêtes de journalistes assassinés.
“C’est dangereux pour eux. Ils sont comme des lanceurs d’alerte. Ils voient quelque chose d’illégal se produire, ils se rendent sur place et le signalent aux autorités. Nous avons besoin d’eux”, confirme Nop Vy, directeur de l’Association de l’alliance des journalistes cambodgiens (CamboJA).
La liberté de la presse se détériore depuis 2017 au Cambodge, date à laquelle l’ancien Premier ministre Hun Sen a commencé à attaquer les médias indépendants.
Courrier international – 2 décembre 2025
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