Birmanie : 18 morts et 20 blessés dans le bombardement d’un salon de thé
En Birmanie, au moins 18 personnes ont été tuées et une vingtaine blessées dans une frappe aérienne survenue vendredi 5 décembre au soir dans la région de Sagaing, au centre du pays. Selon plusieurs témoignages recueillis, les bombes ont été larguées par l’armée birmane, engagée dans de violents combats contre de nombreux groupes armés depuis le coup d’État de 2021.
Selon plusieurs témoignages, un avion de chasse a largué quatre bombes, dont deux sur le canton de Tabayin, une zone largement contrôlée par les forces de la résistance pro-démocratie. Ces groupes, affiliés au gouvernement d’unité nationale, combattent aux côtés d’alliés ethniques armés, notamment l’Armée pour l’indépendance kachin, très présente dans le nord de la région.
La première bombe a frappé un salon de thé, un lieu de rassemblement traditionnel où de nombreux villageois s’étaient réunis pour regarder des matchs de boxe et de football. La seconde a gravement endommagé, voire totalement détruit, « une douzaine de maisons voisines », a indiqué un secouriste à l’AFP.
Un pays ravagé par la guerre civile
Dans cette région centrale, la junte de Birmanie ne conserve que quelques petits postes militaires et dépend presque exclusivement des frappes aériennes et de drones pour reprendre du terrain.
Depuis le putsch de février 2021, le pays est plongé dans une guerre civile, qui aurait fait entre 50 000 et 70 000 morts, selon les estimations, et provoqué le déplacement interne de plus de trois millions de personnes.
Un millier de villages privés du prochain scrutin
Ce bombardement survient à la veille d’une annonce de la commission électorale birmane. Samedi 6 décembre, cet organe contrôlé par la junte au pouvoir a indiqué que 1 600 groupements de villages ne pourraient pas participer aux élections législatives prévues fin décembre.
Malgré la guerre, la junte au pouvoir n’abandonne pas son intention d’organiser ces élections – dont certaines doivent débuter le 28 décembre – comme une étape vers la « réconciliation » nationale. Une lecture rejetée par les groupes rebelles, qui entendent boycotter le vote dans les vastes territoires qu’ils contrôlent.
Le scrutin est d’ores et déjà qualifié de « mascarade » par de nombreuses chancelleries occidentales. De son côté, l’ONU juge son organisation « inconcevable » au regard de la situation du pays et alerte sur le risque d’une surveillance électronique massive de la population lors du vote.
Radio France Internationale avec Agence France Presse – 6 décembre 2025
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