Au moins quatre soldats Thaïlandais tués à la frontière avec le Cambodge
Le Cambodge a suspendu tous les passages frontaliers avec son voisin thaïlandais après l’avoir accusé de nouveaux «bombardements» sur son territoire, en dépit d’assurances du président américain.
La Thaïlande a annoncé que quatre de ses soldats avaient été tués samedi lors de nouveaux affrontements à la frontière avec le Cambodge. «Quatre soldats supplémentaires sont morts», a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Surasant Kongsiri, lors d’une conférence de presse, ajoutant que 14 soldats thaïlandais étaient morts depuis la reprise des combats lundi à la frontière entre les deux pays d’Asie du Sud-Est.
De son côté, le Cambodge a suspendu tous les passages frontaliers avec la Thaïlande. «Le gouvernement royal du Cambodge a décidé de suspendre tous les mouvements d’entrée et de sortie à tous les points de passage de la frontière Cambodge/Thaïlande, avec effet immédiat et jusqu’à nouvel ordre», a indiqué le ministère de l’Intérieur du Cambodge dans un communiqué.
Le premier ministre thaïlandais avait affirmé plus tôt dans la journée que son pays poursuivrait ses opérations militaires contre le Cambodge jusqu’à ce que les «menaces» aient disparu, malgré les assurances du président Américain Donald Trump selon qui les deux pays avaient accepté un cessez-le-feu. «La Thaïlande continuera à mener des actions militaires jusqu’à ce que nous estimions que notre territoire et notre peuple ne sont plus menacés. Je tiens à être clair. Nos actions de ce matin en ont déjà dit long», a déclaré le premier ministre Anutin Charnvirakul sur Facebook. Les autorités thaïlandaises ont confirmé de leur côté avoir «riposté» contre des cibles militaires cambodgiennes samedi matin à 5h50 (22h50 GMT vendredi).
Trump, le médiateur
Selon un porte-parole militaire, l’aviation thaïlandaise a «détruit avec succès» deux ponts au Cambodge utilisés selon lui pour acheminer des armes vers le champ de bataille. Les avions thaïlandais «utilisent des armes de haute précision pour prévenir les dommages aux civils innocents», a assuré le porte-parole de l’armée de l’air Chakkrit Thammavichai.
De son côté, le ministère cambodgien de la Défense a affirmé sur X que «les forces armées thaïlandaises avaient utilisé deux avions de combat F-16 pour larguer sept bombes» sur plusieurs cibles. Selon le ministre de l’Information, Neth Pheaktra, la Thaïlande «a élargi ses attaques pour inclure des infrastructures civiles et des civils cambodgiens».
Après un premier épisode de violences en juillet, des affrontements cette semaine entre les deux pays membres de l’Asean (Association des Nations d’Asie du Sud-Est) ont fait au moins 20 morts et forcé des centaines de milliers de personnes à fuir de part et d’autre de la frontière, longue d’environ 800 km. Les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir déclenché cette crise. L’annonce de la poursuite des hostilités intervient quelques heures après que Donald Trump a assuré que Bangkok et Phnom Penh, qui se disputent des morceaux de territoire depuis des décennies, avaient accepté de faire taire les armes.
«C’est celui qui a violé l’accord qui doit régler la situation»
«J’ai eu une excellente conversation ce matin avec le premier ministre de Thaïlande, Anutin Charnvirakul, et le premier ministre du Cambodge, Hun Manet, au sujet de la très regrettable résurgence de leur guerre qui dure depuis longtemps. Ils ont accepté de CESSER tout tir dès ce soir et de revenir à l’accord de paix initial conclu avec moi, et avec eux, avec l’aide du grand Premier ministre de Malaisie, Anwar Ibrahim», a écrit vendredi soir le président américain sur son réseau Truth Social.
«Les deux pays sont prêts pour la PAIX et la poursuite des échanges commerciaux avec les États-Unis d’Amérique», a ajouté Donald Trump. Plus tôt, le premier ministre thaïlandais avait affirmé, après son entretien téléphonique avec Trump, qu’il fallait «annoncer au monde entier que le Cambodge va respecter le cessez-le-feu». «C’est celui qui a violé l’accord qui doit régler la situation, et non celui qui l’a subi», avait ajouté Anutin Charnvirakul, qui a dissous vendredi le Parlement thaïlandais, ouvrant la voie à des élections début 2026.
300.000 personnes évacuées
«Le Cambodge a toujours adhéré à des moyens pacifiques pour résoudre les différends», a déclaré pour sa part samedi son homologue cambodgien Hun Manet dans un message publié sur Facebook. Il a ajouté qu’il avait suggéré aux États-Unis et à la Malaisie d’utiliser leurs capacités de renseignement «pour vérifier quelle partie a ouvert le feu en premier» le 7 décembre. En juillet, un premier épisode de violences avait fait 43 morts en cinq jours et poussé quelque 300.000 personnes à évacuer, avant un cessez-le-feu sous l’égide des États-Unis, de la Chine et de la Malaisie, qui exerce la présidence tournante de l’Asean.
La Thaïlande et le Cambodge se disputent sur la souveraineté de bouts de territoires, où se dressent des temples de l’Empire khmer, le long de leur frontière tracée au début du XXe siècle durant la période coloniale française. Ils avaient cosigné le 26 octobre un accord de cessez-le-feu, sous l’égide de Donald Trump. Mais Bangkok l’a suspendu quelques semaines plus tard après l’explosion d’une mine terrestre ayant blessé plusieurs de ses soldats.
Le Figaro avec Agence France Presse – 13 décembre 2025
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