Conflit Thaïlande-Cambodge : Washington et Pékin relancent la médiation

Les États-Unis et la Chine intensifient leurs efforts diplomatiques pour obtenir un cessez-le-feu entre la Thaïlande et le Cambodge, à la veille d’une réunion exceptionnelle de l’ASEAN.

La Chine et les États-Unis ont relancé, chacun de leur côté, des initiatives diplomatiques visant à rétablir un cessez-le-feu entre la Thaïlande et le Cambodge, quelques jours avant une réunion spéciale des ministres de l’Asie du Sud-Est consacrée à ce conflit frontalier. Il s’agit des affrontements les plus violents entre les deux pays depuis plusieurs décennies, après la reprise des hostilités la semaine dernière.

Selon les autorités locales, environ 60 personnes ont été tuées et plus de 500 000 civils déplacés depuis la reprise des hostilités, qui a mis fin au cessez-le-feu conclu fin juillet sous l’égide du président américain Donald Trump. Cette trêve, élargie en octobre dans le cadre d’un accord plus large, n’a pas résisté à la dégradation rapide de la situation sécuritaire le long de la frontière commune.

Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio s’est entretenu ce vendredi par téléphone avec le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Sihasak Phuangketkeow. Washington a réitéré ses inquiétudes et appelé Bangkok à désamorcer les tensions et à revenir à l’accord de cessez-le-feu, a indiqué le département d’Etat américain dans un communiqué.

« Prudemment optimiste »

De son côté, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a échangé jeudi avec ses homologues thaïlandais et cambodgien. Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, les deux parties ont « exprimé leur volonté d’apaiser les tensions et de parvenir à un cessez-le-feu ». Pékin a également précisé qu’un envoyé spécial chinois s’était rendu dans les deux pays pour tenter de favoriser un retour au calme. La Thaïlande a confirmé les échanges diplomatiques avec Washington et Pékin, précisant que Sihasak Phuangketkeow avait « réaffirmé la position de Bangkok » et partagé des éléments sur « la voie à suivre », notamment la participation à la réunion de l’ASEAN prévue lundi à Kuala Lumpur.

Cette réunion, à laquelle doit également participer le ministre cambodgien des Affaires étrangères Prak Sokhonn, marquerait le premier face-à-face entre les deux gouvernements depuis la reprise des combats le 8 décembre dernier. Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, président en exercice de l’ASEAN, qui avait contribué à la conclusion de la trêve de juillet, s’est dit cette semaine « prudemment optimiste », estimant que les dirigeants des deux pays souhaitaient parvenir à une solution à l’amiable.

Sur le terrain, les combats se poursuivent pourtant le long de la frontière, qui s’étend sur 817 kilomètres, des zones forestières proches du Laos jusqu’aux provinces côtières. Bangkok et Phnom Penh s’accusent mutuellement d’être à l’origine de la rupture de la trêve, sur fond de différend territorial ancien. La Thaïlande affirme que la reprise des hostilités est liée à la pose récente de mines par le Cambodge, ce que ce dernier dément, assurant agir en état de légitime défense.

Reuters – 19 décembre 2025