La Birmanie veut faire inscrire le site archéologique de Mrauk U au patrimoine mondial de l’Unesco
Certains des temples datent du 15e siècle, mais sont menacés par des affrontements entre l’armée et un groupe rebelle.
La Birmanie espère inscrire un troisième site au patrimoine mondial de l’Unesco : le pays a soumis la candidature de la ville de Mrauk U. Ce site archéologique se trouve dans l’État de l’Arakan, dans l’ouest du pays, il regroupe des temples vieux de plusieurs siècles. Cette candidature est particulière car la ville est située en pleine zone de conflit, qui oppose l’armée birmane à une rébellion locale. Cette guérilla, qui s’appelle l’Arakan Army, dit défendre les intérêts de l’ethnie majoritaire de la région, les Arakanais.
Un site archéologique menacé par les combats
Depuis janvier 2019, les combats se sont intensifiés, des affrontements ont lieu dans plusieurs districts et à Mrauk U en mars dernier. Plusieurs personnes ont été blessées et les pagodes, lieu de culte bouddhiste, sont devenues pour certaines des camps de déplacés, où les villageois des alentours ont trouvé refuge, en fuyant les combats.
Les tirs ont d’ailleurs endommagé des pagodes du site de Mrauk U. Il s’agit de temples qui datent du 15e siècle pour certains. Les locaux s’inquiètent des conséquences du conflit sur le patrimoine.
Une zone très isolée
Cette candidature à l’Unesco s’annonce complexe. Une mission de spécialistes est censée venir prochainement à Mrauk U observer les temples. Selon une ONG birmane, qui travaille sur le patrimoine de ce site, les experts sont censés se faire passer pour des touristes lors de cette première visite. Sauf que les vrais touristes ont en réalité déserté ce site archéologique.
Depuis plusieurs semaines, il est normalement interdit aux étrangers de s’y rendre, même si quelques touristes arrivent encore à gagner la zone, celle-ci est déconseillée par de nombreuses ambassades et un couvre-feu y est en place depuis l’an dernier. C’est une zone presque coupée du monde. Depuis juin dernier, le gouvernement a donné l’ordre de suspendre la connexion internet sur les téléphones portables, les autorités ont invoqué des raisons de sécurité. La coupure est toujours en cours et dénoncée par les organisations de défense des droits de l’Homme.
Par Sarah Bakaloglou – Radio Franceinfo – 11 février 2020
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