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Au large du Vietnam, des pêcheurs dans la nasse de la dispute en mer de Chine méridionale

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Matériel détruit et poissons saisis: au large des îles Paracels, des pêcheurs vietnamiens subissent les violences des gardes-côtes chinois, mais refusent d’abandonner ce qu’ils considèrent comme “leur” bout de mer, source de tensions croissantes entre la Chine et les pays riverains.

Sur la petite île vietnamienne de Ly Son (centre), la géopolitique compte autant que le bulletin météo que Nguyen Van Loc et ses collègues pêcheurs consultent avant de s’aventurer vers l’un des points les plus chauds d’Asie du Sud-Est.

“Je ne compte plus le nombre de fois où des navires chinois ont chassé mon bateau. Avant, nous avions peur. Maintenant, c’est notre vie normale”, explique-t-il à l’AFP.

La mer de Chine méridionale fait l’objet d’intenses disputes de souveraineté entre la Chine, qui revendique la quasi-totalité des îles de cette espace maritime stratégique aux riches ressources halieutiques et énergétiques, et les pays riverains, dont le Vietnam.

Hanoï réclame le contrôle des îles Paracels, tombées dans le giron de Pékin en 1974 à la suite d’une victoire navale contre ce qui était à l’époque le Vietnam du Sud, avant son absorption par le Nord communiste.

C’est près de ces îlots coralliens inhabités que Nguyen Van Loc raconte avoir été attaqué par un navire des gardes-côtes chinois, jusqu’à ce que son bateau chavire, à l’été 2020.

Lui-même a été frappé, pendant que son matériel et sa prise étaient saisis. Treize membres de l’équipage, laissés à la dérive, se sont accrochés à un panier de pêche avant d’être secourus.

Le ministère des Affaires étrangères vietnamien a demandé à Pékin l’ouverture d’une enquête à la suite de cet incident, pas si inhabituel dans la région.

Selon une association locale de pêcheurs de Ly Son, 98 bateaux vietnamiens ont été détruits par des navires chinois depuis 2014.

Ces trente dernières années, quelque 120 pêcheurs sont décédés à la suite de ces attaques ou parce que des bateaux chinois ont refusé de les secourir en pleine mer durant le mauvais temps, selon elle.

– “Petits” bateaux contre avions –

Cette organisation assure que les gardes-côtes chinois n’hésitent pas à tirer sur le drapeau rouge frappé de l’étoile jaune qui flotte au-dessus de chaque embarcation vietnamienne, en signe de menace.

Les pêcheurs vietnamiens préfèrent désormais renoncer aux eaux poissonneuses des Paracels, quitte à retourner dans certaines zones surexploitées.

“Nous sommes de simples marins-pêcheurs. Quand nous les voyons (les gardes-côtes, NDLR), nous partons. Ils ont toutes sortes d’armes alors que nous n’avons rien. Nos bateaux sont petits”, déclare Nguyen Van Loc, qui a commencé son métier à l’âge de 15 ans.

Au large, les intimidations de l’armée chinoise contrastent avec le décor de carte postale de Ly Son, où des femmes au chapeau conique traditionnel trient la prise du jour, derrière les bateaux en bois.

“Nous avons vu des avions chinois, parfois deux, parfois trois, parfois ils volent très bas. Ils volent régulièrement, je les ai vus tous les jours quand j’y suis allé pêcher”, assure Nguyen Van Quyet, un pêcheur de Ly Son.

Sur cette île, pêcher est devenu plus qu’une affaire de poissons: c’en est presque une mission patriotique pour ceux qui ont gardé au coeur Hoang Sa – le nom vietnamien des îles Paracels, que les Chinois appellent Xisha.

“Nos pêcheurs sont déterminés à ne pas abandonner Hoang Sa, parce que c’est là où nos ancêtres et nos camarades ont sacrifié leurs vies pour protéger la souveraineté nationale”, assure Nguyen Quoc Chinh, à la tête de l’association locale de pêcheurs.

“Cette zone maritime a appartenu à nos ancêtres, nous n’allons jamais abandonner”, renchérit Nguyen Van Loc.

Agence France Presse – 5 octobre 2022

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