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Thaïlande : inquiétudes autour de deux militantes accusées de lèse-majesté, en grève de la faim

L’état de santé de deux jeunes militantes accusées d’avoir insulté la famille royale thaïlandaise s’est détérioré, après trois semaines de grève de la faim, a indiqué lundi l’hôpital où elles sont traitées.

Tantawan Tuatulanon, 21 ans, et Orawan Phupong, 23 ans, ont arrêté de s’alimenter le 18 janvier pour demander l’abolition du crime de lèse-majesté, sévèrement réprimé, et d’autres réformes pro-démocratie.

«Dans un état faible»

Elles sont conscientes, mais dans un état faible, a annoncé l’hôpital de l’université Thammasat, au nord de Bangkok, dans une publication sur Facebook.

«Les organes vitaux comme les reins commencent à fonctionner plus lentement», a déclaré aux journalistes Paruhat Tor-udom, le directeur de l’hôpital. «Elles peuvent communiquer avec les médecins et les visiteurs, et si leur état de santé se détériore, ce n’est pas encore critique», a-t-il précisé. En plus de nourriture, les deux militantes ont refusé des injections intraveineuses contenant du glucose et du sodium.

Solidarité avec les autres militants

Elles sont accusées d’avoir insulté la puissante famille royale, lors de deux manifestations séparées à Bangkok début 2022, l’une devant des bâtiments des Nations unies et l’autre en face d’un centre commercial, selon l’association Thai Lawyers for Human Rights (TLHR).

En attente de leur procès, Tantawan et Orawan ont refusé leur libération sous caution, en signe de solidarité avec les autres militants incarcérés.

La vie des deux jeunes femmes «ne tient qu’à un fil», a réagi auprès de l’AFP Sunai Phasuk, de l’ONG Human Rights Watch. «Ça déchire le cœur de voir deux jeunes femmes tout risquer pour demander la liberté d’expression en Thaïlande, et le respect des règles pour un procès équitable pour les détenus politiques, comme la présomption d’innocence et la libération sous caution», a poursuivi l’expert.

Crime de lèse-majesté

Le redoutable article 112 sur le crime de lèse-majesté, l’un des plus sévères dans le monde de ce type, prévoit des peines de trois à 15 ans de prison pour toute personne reconnue coupable de diffamation envers le roi Maha Vajiralongkorn et sa famille.

Des manifestations de grande ampleur ont eu lieu en 2020 pour réclamer une refonte en profondeur de la monarchie, notamment l’abolition de l’article 112, utilisé pour étouffer toute contestation politique selon ses détracteurs.

Depuis 2020, selon THLR, 224 protestataires ont été inculpés de crime de lèse-majesté. Le royaume se prépare à des élections législatives en mai.

Le Figaro avec Agence France Presse – 6 février 2023

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