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Aux abois, la junte birmane réduit en cendres des milliers de maisons

Face à la résistance qui contrôlerait la moitié du territoire birman, la junte militaire, arrivée au pouvoir à la faveur d’un coup d’État il y a deux ans et demi, intensifie sa répression. En multipliant les frappes aériennes, les tirs d’artillerie et les incendies de villages entiers.

Depuis le coup d’État de février 2021, les forces armées de la junte au pouvoir ont mis le feu à près de 75 000 maisons de civils, rapporte The Irrawaddy le 10 août en s’appuyant sur le décompte établi par Data for Myanmar (le nom officiel de la Birmanie). L’organisme indépendant en dénombre précisément 74 874. “En juin et en juillet seulement, 4 250 habitations ont été incendiées”, souligne Data for Myanmar, qui a répertorié sur une carte animée les lieux pris pour cible.

Et sans surprise, ils se concentrent dans les zones où une forte résistance armée est à l’œuvre contre le pouvoir en place, notamment dans la région centrale de Sagaing. “Les forces de la junte commettent des incendies criminels pour s’en prendre aux opposants au régime militaire et exercer des représailles à leur encontre, ces incendies étant plus fréquents dans les bastions de la résistance”, explique The Irrawaddy.

L’armée y a eu “peu” recours la première année après le coup d’État (2 111  aisons brûlées), mais de manière intensive ensuite (46 905 maisons incendiées en 2022 et 25 858 depuis le début de l’année). Sur la seule journée du 6 mai, rapportait alors The Irrawaddy, les militaires avaient brûlé 530 des 600 maisons du village de Let Htoke Taw, toujours dans la région de Sagaing. “Ils ont tiré des obus de 60 millimètres quand nous avons essayé d’éteindre le feu”, racontait un des 3 000 villageois ayant tout perdu.

Guerre civile

Au lendemain du coup d’État du 1er février 2021 qui a renversé le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi, un grand nombre de Birmans sont descendus dans la rue. Avant, pour beaucoup, de rejoindre des mouvements armés en lutte depuis des décennies contre le pouvoir central. Selon The Economist, dont un reporter a accompagné en juin certains de ces combattants dans l’État Karen, dans le sud de la Birmanie, les Forces de défense du peuple (FDP) compteraient 300 unités et 65 000 hommes.

Face à cette résistance, qui contrôlerait près de la moitié du territoire birman, la junte n’a cessé d’intensifier sa répression. En multipliant les bombardements aériens, les tirs d’artillerie et ces destructions des villages. On estime, écrit The Economist, que 30 000 personnes ont été tuées et deux millions déplacées.

Dans les rangs de l’armée de la junte, les pertes pourraient s’élever à 15 000 hommes, selon le magazine britannique. “Ce n’est pas suffisant pour menacer une armée forte de 170 000 hommes, mais cela contraint la junte à armer les vétérans et les condamnés”, note The Economist. “Même les femmes et les enfants des militaires reçoivent désormais une formation de base.”

Courrier international – 11 août 2023

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