Taxe carbone appliquée par l’UE : défis pour les exportateurs vietnamiens
Les entreprises vietnamiennes doivent respecter les normes écologiques en appliquant des réglementations environnementalesplus strictes. La transformation verte des sociétés sera accélérée afin d’exporter leurs produits de manière durable.
Ngô Chung Khanh, directeur adjoint du Département de la politique commerciale multilatérale, relevant du ministère de l’Industrie et du Commerce, a souligné que la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange Vietnam – Union européenne (EVFTA) depuis trois ans avait favorisé les échanges commerciaux entre les deux parties et que les exportations vietnamiennes vers ce marché avaient enregistré une croissance impressionnante.
Cependant, depuis peu, ces avantages et résultats ont été affectés en partie par la mise en place de normes plus élevées par l’Union européenne (UE), liées à l’environnement et au développement durable. Par conséquent, les entreprises viet-namiennes doivent développer une production verte et appliquer des technologies avancées pour fournir des produits plus propres, répondant aux normes techniques et environnementales dudit marché, et participer plus durablement aux chaînes d’approvisionnement.
Les produits vietnamiens sont confrontés à de nombreux défis. À la mi-mai 2023, l’UE a également adopté une loi sur le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (aussi appelée ”taxe carbone”), qui oblige les importateurs à déclarer les émissions de carbone de leurs marchandises.
Fin juin 2023, l’UE a publié son règlement sur la déforestation (EUDR), exigeant que les entreprises spécialisées dans les domaines du bois, du café, du cacao, du caoutchouc, du soja, du bétail, de l’huile de palme et des produits dérivés démontrent que leurs produits ne sont pas liés à des activités de déforestation. Les violations entraîneront une amende minimale de 4% des ventes annuelles réalisées dans toute l’UE.
La taxe carbone aux frontières, sur certains produits importés dans l’UE, est entrée dans sa phase de test au 1er octobre 2023. Les importateurs ne commenceront à payer qu’à partir de 2026. Si le dispositif doit permettre de lutter contre les émissions de carbone, les constructeurs européens de produits manufacturés craignent une distorsion de la concurrence.
Alors qu’au sein du marché unique européen, les producteurs doivent désormais disposer de certificats payants pour émettre des gaz à effet de serre, les importations échappaient jusqu’ici à ce surcoût. La taxe carbone aux frontières, décrite par la Commission européenne (CE) comme l’instrument phare pour lutter contre les émissions carbonse, doit y remédier.
Les importateurs seront invités à recueillir les données du 4e trimestre à partir du 1er octobre 2023, mais ils auront jusqu’au 31 janvier 2024 pour présenter leur première déclaration, précise la CE. Ce n’est qu’à partir de 2026 que l’ajustement financier commencera progressivement à s’appliquer. Mais les mesures ne seront pleinement en vigueur qu’à partir de 2034.
La taxe carbone ne s’applique actuellement qu’à l’acier, le fer, l’aluminium, le ciment, les engrais, l’électricité et l’hydrogène. Ces secteurs présentent des émissions de carbone élevées. L’UE a déclaré que le groupe de produits inclus dans l’EUDR serait élargi à l’avenir.
Le vice-ministre de l’Industrie et du Commerce, Dô Thang Hai, a déclaré que le ministère de l’Industrie et du Commerce surveillait l’évolution de l’économie mondiale, en particulier les ajustements des politiques sur les principaux marchés d’exportation, afin d’émettre rapidement des avertissements, d’informer les entreprises et de conseiller le gouvernement pour qu’il adopte des réponses politiques appropriées.
Impact direct sur les entreprises
À noter que l’UE est le deuxième marché d’importation d’acier du Vietnam. Au premier semestre de cette année, 1,36 million de tonnes d’acier ont été exportées vers ce marché, soit une augmentation de près de 34% par rapport à la même période de l’année précédente. La taxe carbone exerce évidemment une pression sur le Vietnam, mais cela peut également stimuler la transformation vers une production plus verte.
Selon le rapport de la Banque mondiale évaluant l’impact de la taxe carbone sur le Vietnam, la Thaïlande et l’Inde, cette taxe augmentera le coût de l’acier, de l’aluminium et du ciment exportés du Vietnam vers l’UE de 36 milliards d’USD par an. Actuellement, certaines entreprises sidérurgiques embauchent des consultants pour surveiller et planifier de manière proactive la réduction des émissions de carbone de 50% grâce à une technologie avancée de production d’acier grâce à l’hydrogène.
Pham Thi Ngoc Thuy, directrice du bureau de la division IV du Conseil consultatif sur la réforme des procédures administratives du Premier ministre, a fait savoir :
“Les réglementations mondiales ne sont pas directement appliquées aux entreprises dans le contexte actuel. Des négociations et des engagements antérieurs ont été pris alors que nous avions un cycle de lois et de réglementations internes avec les entreprises. Cependant, le mécanisme européen de régulation du carbone et anti-déforestation auront un impact direct sur les entreprises”.
Améliorer la compétitivité
Le Vietnam est le 11e partenaire en termes de biens importés vers l’UE. Non seulement l’aluminium et l’acier, mais de nombreuses industries à fortes émissions, comme le textile, l’habillement, la chaussure… devront également s’adapter. Certaines entreprises se sont reconverties pour produire plus de 80% de coton recyclé, respectueux de l’environnement, destiné aux usines textiles.
Depuis 2021, les commandes des partenaires de l’UE ont augmenté de près de 200% grâce aux normes vertes. La Anh Chiên, directeur de TNG Cotton Factory, a estimé : ”C’est l’une des très bonnes opportunités pour nous d’améliorer notre compétitivité dans la fourniture de matières premières pour l’industrie du textile, nationale ou internationale”.
Les marques européennes élaborent des programmes avec des partenaires vietnamiens pour s’engager à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à utiliser des énergies renouvelables et à élaborer des usines vertes. Lionel Adenot, directeur général de Decathlon Vietnam, a souligné : ”Les produits doivent être fabriqués en veillant à avoir un impact limité sur l’environnement. Nous effectuons régulièrement des vérifications pour nous assurer de notre capacité à répondre à ces exigences. L’utilisation du charbon est remplacée par des combustibles issus de la biomasse”.
Par Thê Linh – Le courrier du Vietnam – 29 octobre 2023
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