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Srettha Thavisin, le Premier ministre VRP qui entend redresser la Thaïlande

Arrivé au pouvoir à l’été 2023, l’ancien magnat de l’immobilier est déterminé à relancer l’économie du royaume, mise à mal par la pandémie de Covid-19. Mais il n’est pas au bout de ses peines, estime le magazine américain “Time”, qui lui consacre sa prochaine couverture.

Le deuxième étage du bâtiment qui, à Bangkok, abrite le gouvernement a, de tout temps, été interdit aux visiteurs. Srettha Thavisin n’en a cure. Alors qu’il reçoit Charlie Campbell, le correspondant du Time à Singapour, il n’hésite pas à “renverser ce protocole rigide” et à le faire monter dans “son sanctuaire du deuxième étage”.

L’ancien promoteur immobilier de 62 ans est arrivé au pouvoir en septembre dernier. Depuis, il s’échine à faire repartir l’économie thaïlandaise frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Il a déjà effectué une dizaine de déplacements à l’étranger en espérant faire venir des investisseurs (il était en France le 11 mars), ce qui a incité le Time à lui consacrer une couverture sous le titre : “Le VRP”.

Ses efforts portent déjà leurs fruits : les investissements directs étrangers ont doublé au dernier trimestre 2023 par rapport à la même période l’année précédente. En novembre seulement, les investissements cumulés d’Amazon, de Google et de Microsoft se sont élevés à 8,3 milliards de dollars. “C’est avec le ton charmeur d’un VRP qu’il déclare : ‘Je veux dire au monde que la Thaïlande est à nouveau ouverte aux affaires.’

“Il était temps”, reprend le Time. Ces deux dernières décennies, les troubles politiques qui ont secoué le royaume ont pesé sur l’économie. En moyenne, sur les dix dernières années, la croissance en Thaïlande a été inférieure à 2 % quand ses voisins (Philippines, Vietnam, Indonésie) enregistraient des taux deux ou trois fois plus élevés. “Pour ne rien arranger, la pandémie a dévasté l’industrie touristique thaïlandaise”, qui peine toujours à retrouver ses niveaux d’avant.

Un minus de 1,92 mètre

Srettha Thavisin ne se voile pas à la face. Il évoque une “crise économique” qu’il faut prendre à bras-le-corps. Il a déjà réduit les taxes sur les carburants, a annoncé un moratoire de trois ans sur les dettes des agriculteurs en difficulté, a prévu de mettre en place un porte-monnaie électronique grâce auquel chaque adulte percevra 10 000 bahts (250 euros) afin de relancer la consommation. Il a supprimé les visas pour les Chinois et les Indiens, a introduit un “visa muay thai”, et mise sur le “tourisme rose” en faisant de la Thaïlande une destination phare pour la communauté LGBTQI.

“Peu de Thaïlandais ont vu venir l’ascension politique de Srettha”, explique le Time. Celui qui a pour surnom “Nid” (“minus” en thaï), clin d’œil à son 1 mètre 92, n’a rejoint le parti Pheu Thai qu’en 2022 “et n’a exercé aucune fonction publique avant d’arriver au sommet”. Diplômé en génie civil à Bangkok, il a étudié l’économie aux États-Unis avant d’entamer sa carrière dans l’immobilier.

Aujourd’hui, il doit apprendre les codes de la politique. D’autant que plane au-dessus de lui l’ombre d’un de ses prédécesseurs, le puissant Thaskin Shinawatra. Le fondateur du parti Pheu Thai est revenu d’exil le jour où Strettha a été confirmé au poste de Premier ministre. Désormais, relève le Time“l’impression qui prévaut en Thaïlande est que Srettha n’est qu’un faire-valoir de Thaksin”. “C’est une marionnette”, assène Chuwit Kamolvisit, un militant anticorruption.

Ce à quoi l’intéressé répond qu’il a “la maîtrise de la situation”. Pourtant, certains avancent qu’il pourrait être obligé de céder son portefeuille des Finances alors que Paetongtarn, la fille de Thasksin, récemment élue à la tête du Pheu Thai, ferait son entrée au gouvernement. “Changer le protocole au siège du gouvernement est finalement la partie la plus facile, avance le TimeMais au bout du compte, Srettha sera jugé sur les choix difficiles qu’il fera pour améliorer les conditions de vie des plus démunis, quitte à se mettre à dos l’élite qui le soutient. Car l’économie thaïlandaise a désespérément besoin de réformes audacieuses.”

Courrier international – 14 mars 2024

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