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Le premier ministre du Cambodge défend sa gestion des opposants

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Le président cambodgien a condamné jeudi les organismes internationaux de défense des droits de la personne qui ont critiqué l’arrestation de près d’une centaine de personnes pour avoir protesté contre un accord de développement régional vieux de plusieurs décennies avec les pays voisins.

Amnistie internationale, à Londres, et Human Rights Watch, à New York, ont publié la semaine dernière une déclaration commune exprimant leur inquiétude face à ce qu’ils ont appelé les arrestations arbitraires depuis fin juillet d’au moins 94 personnes pour avoir critiqué publiquement l’accord que le gouvernement cambodgien a signé avec le Laos et le Vietnam voisins.

«Au moins 59 d’entre elles, dont des défenseurs de l’environnement et des droits humains, ainsi que d’autres militants, sont toujours illégalement détenues et inculpées pour avoir exprimé sans violence leurs opinions, dont plusieurs mineurs», indique le communiqué.

«Ces détentions et accusations iniques témoignent du manque de respect du premier ministre Hun Manet pour les droits de ses concitoyens et les obligations internationales du pays en matière de droits humains», a déclaré Bryony Lau, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch.

Hun Manet, s’exprimant lors d’une cérémonie pour les diplômés de l’école de droit, a défendu la répression des manifestants, affirmant que les autorités devaient protéger l’ordre social et la sécurité pour le bien de tous les Cambodgiens. Il a par ailleurs accusé les manifestants de chercher à renverser son gouvernement.

L’accord sur la zone de développement du Triangle Cambodge-Laos-Vietnam est un plan de développement destiné à faciliter la coopération en matière de commerce et de migration dans quatre provinces du nord-est du Cambodge et dans les zones frontalières du Laos et du Vietnam. Il avait été signé en 1999 et officialisé en 2004.

Les critiques sur les réseaux sociaux se sont concentrées sur les concessions foncières, accusant l’accord de privilégier les intérêts étrangers, et en particulier de céder des terres et la souveraineté au Vietnam, une question très sensible en raison de l’antagonisme historique du Cambodge envers son grand voisin oriental.

Certains opposants politiques ont par le passé tenu des propos incendiaires contre le Vietnam, mais le gouvernement poursuit également les politiciens et autres personnes qui critiquent simplement sa politique envers le Vietnam.

La diaspora militante

Le débat sur l’accord a été relancé sur les réseaux sociaux en juillet, en particulier parmi les Cambodgiens vivant à l’étranger, où l’opposition politique est populaire. Les Cambodgiens expatriés ont organisé des manifestations au Japon, en Corée du Sud, en France, en Australie et aux États-Unis, exhortant le gouvernement à déchirer l’accord.

Les opposants ont créé un groupe sur la plateforme sociale Telegram, exhortant les Cambodgiens à se rassembler dans la capitale, Phnom Penh, le 18 août dernier. Cela a déclenché une répression massive avec des arrestations et le déploiement de milliers de membres des forces de sécurité, en particulier à Phnom Penh.

«Selon des organisations locales de défense des droits humains, des responsables gouvernementaux à travers le pays ont placé sous surveillance des défenseurs des droits fonciers et des militants de la société civile, ont indiqué les deux organismes de défense des droits de la personne dans leur déclaration commune.

«Plusieurs d’entre eux ont notamment reçu l’ordre de ne pas sortir de leur communauté et des membres de leur famille ont été menacés. En outre, des barrages routiers ont été installés sur les grands axes à l’entrée de Phnom Penh et les fourgonnettes et les taxis entrant dans la capitale fouillés de manière aléatoire.»

Le premier ministre Hun Manet a déclaré jeudi avoir lu la déclaration, mais n’a pas mentionné les groupes par leur nom. «Je dis que vous devriez voir les faits clairement, car il y a beaucoup de preuves pour les inculper (les manifestants). Avant le 18 août, ils se sont rassemblés et ont acheté des armes, dans le but d’incendier des bâtiments et de renverser le gouvernement», a-t-il soutenu.

Il a accusé les organismes de défense des droits de la personne de passer sous silence l’illégalité des activités des manifestants. «Vous restez silencieux, mais lorsque les autorités appliquent la loi, vous dites que c’est une violation des droits de l’homme», a-t-il déclaré.

Hun Manet a affirmé que 66 personnes avaient été arrêtées pour leur implication dans l’organisation de la manifestation prévue le 18 août à Phnom Penh, mais que 57 avaient été libérées après interrogatoire et que seuls neuf «cerveaux» ont été traduits en justice et formellement accusés.

Par Sopheng Cheang – The Associated Press – 5 septembre 2024

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