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En Birmanie, la junte militaire perd une province stratégique frontalière du Bangladesh

Un groupe armé birman, les combattants de l’Armée d’Arakan, a revendiqué dimanche 22 décembre le contrôle quasi total d’une province stratégique de Birmanie le long de la frontière avec le Bangladesh, un nouveau recul pour la junte birmane qui ne maîtriserait plus qu’un quart du territoire national.

Les combats continuent de ravager une grande partie du territoire birman et la junte militaire a perdu ce week-end une province stratégique dans l’ouest du pays, frontalière du Bangladesh. Un important groupe rebelle ethnique a indiqué s’être emparé d’un quartier général régional de l’armée birmane dans l’État de Rakhine, imposant un nouveau revers à la junte au pouvoir qui a déjà perdu de vastes territoires dans le nord, l’est et maintenant le sud-ouest du pays.

Après des semaines de combats, l’Armée d’Arakan a pris le contrôle de la quasi-totalité de cette région stratégique pour ses ports sur le golfe du Bengale, financés par l’Inde et la Chine, mais la capitale Sittwe reste aux mains de leurs adversaires. « La junte résiste encore dans certaines grandes villes de plusieurs provinces, analyse Tim Zaw, journaliste birman basé à Mandalay, deuxième ville du pays au nord de Rangoun, mais les rebelles et les Forces rebelles du peuple de mieux en mieux structurées depuis le coup d’État de février 2021 grignotent progressivement de vastes zones du territoire. »

Ainsi la semaine dernière, un groupe rebelle de l’Union nationale karen (KNU), une minorité ethnique qui combat l’armée birmane depuis des décennies afin d’obtenir plus d’autonomie, a affirmé avoir repris aux troupes de la junte son quartier général, situé le long de la frontière avec la Thaïlande, trente ans après en avoir été chassé. La KNU s’est opposée à plusieurs reprises à la junte actuelle après le dernier coup d’État en 2021, fournissant abri et entraînement à d’autres opposants cherchant à renverser les militaires.

Plus de 3 millions de déplacés

L’armée birmane a pris le pouvoir en 2021, alléguant sans preuves une fraude électorale massive lors du scrutin de 2020 remporté largement par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix. La junte a lancé une répression sanglante contre l’opposition et repousse régulièrement l’organisation d’élections, jugées d’avance truquées par les observateurs. Les affrontements font régulièrement fuir des milliers de personnes à travers la frontière avec la Thaïlande, qui s’étend sur 2 400 kilomètres. Selon les Nations unies, plus de 3 millions de personnes ont été déplacées par les combats.

La Thaïlande a justement organisé en fin de semaine dernière des pourparlers informels à Bangkok entre le ministre des affaires étrangères nommé par la junte, Than Swe, et des diplomates de Chine, d’Inde, du Bangladesh, du Laos et de Thaïlande. La Birmanie « a esquissé très globalement que des progrès sont réalisés vers une élection » en 2025, a révélé un officiel thaïlandais, ajoutant qu’aucun détail, notamment de date précise, n’a été discuté. La Chine, principale alliée de la junte, s’inquiète de plus en plus du conflit à sa porte et a appelé en octobre à une « réconciliation menée par tout le peuple birman ».

Plus tôt cette année, son ministre des affaires étrangères a déclaré que Pékin soutenait les projets électoraux de la junte. Mais les États-Unis ont affirmé que toute élection sous la junte serait une « mascarade », tandis que les analystes estiment que le scrutin serait ciblé par les opposants au régime militaire et provoquerait davantage d’effusion de sang.

« À ce stade, la situation militaire et économique en Birmanie ne cesse de se dégrader, a confié en fin de semaine dernière un diplomate européen à la BBC, sans qu’aucune solution diplomatique se profile. » La junte militaire birmane, en dépit de sa situation de plus en plus précaire, ne veut faire aucune concession. Au risque de voir la Birmanie sombrer toujours un peu plus dans le chaos.

Par Dorian Malovic – La Croix – 23 décembre 2024

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