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Le taux de pauvreté augmente en Thaïlande selon la Banque mondiale

La Thaïlande a besoin d’investir dans l’éducation et créer des emplois dans les secteurs à revenu élevé, a déclaré jeudi la Banque mondiale dans un rapport révélant un accroissement du taux de pauvreté alors que les plus fortunés continuent de s’enrichir.

La Thaïlande est la deuxième économie d’Asie du Sud-Est après l’Indonésie, mais elle affiche un taux de croissance inférieur à ses voisins, celui de 2019 ayant été le plus bas en cinq ans.

Ce pays de 69 millions d’habitants a su réduire la pauvreté globale sur les trois dernières décennies, passant de 65% de pauvres en 1988 à un peu moins de 10% en 2018. Mais la tendance a commencé à s’inverser à partir de 2016, selon les données du rapport de la Banque mondiale.

Le rapport souligne que l’augmentation de ceux gagnant moins que le seuil national de pauvreté -fixé en 2018 à moins de 90 bahts (2,53 €) par jour- était principalement due à une réduction, entre 2015 à 2017, des revenus chez les 40% les plus pauvres, dont beaucoup étaient des travailleurs urbains et des agriculteurs.

« Les salaires des travailleurs dans l’agriculture et l’industrie manufacturière n’ont pas augmenté au niveau requis pour réduire la pauvreté, mais plutôt l’inverse », a regretté lors d’une conférence de presse Birgit Hansl, responsable pays de la Banque mondiale en Thaïlande, mettant en cause la baisse du prix des marchandises et une série de fortes sécheresses.

Près d’un tiers de la main-d’œuvre thaïlandaise travaille dans le secteur -à faible revenu- de l’agriculture, qui produit et exporte des produits tels que le riz, le caoutchouc naturel et le sucre pour les marchés mondiaux.

Les agriculteurs thaïlandais doivent souvent compter sur le soutien financier de prêts ou de dons des gouvernements pour compenser la baisse des prix de leur production.

Entre 2011 et 2014, le gouvernement de Yingluck Shinawatra avait mis en place un programme de subventions aux riziculteurs consistant à ce que l’Etat garantisse aux paysans un prix de vente jugé décent de leur riz en l’achetant lui-même (à raison de plusieurs millions de tonnes) à des tarifs bien supérieurs à ceux du marché. Cette mesure controversée a valu au gouvernement Shinawatra plusieurs mois de manifestation qui se sont soldées par le coup d’Etat de 2014.

De tels programmes de protection sociale peuvent aider à atténuer l’impact de la volatilité économique et contribuer à réduire la pauvreté à court terme, indique la Banque mondiale. Mais cette dernière prévient que cela risque aussi de freiner l’augmentation de la productivité sur long terme en retardant la reconversion des agriculteurs dans des emplois mieux rémunérés du secteur de la fabrication ou des services, ou alors en les dissuadant de passer à des cultures plus rentables ou moins vulnérables à la sécheresse.

« Peut-être certaines politiques de soutien aux agriculteurs ayant existé par le passé pour des cultures spécifiques auraient pu empêcher une transformation plus rapide », a déclaré Birgit Hansl.

La Banque mondiale a également déclaré que la Thaïlande devait améliorer l’accès à l’éducation pour les enfants de foyers à faible revenu, les aides sociales et créer de meilleurs emplois pour lutter contre les inégalités.

Lepetitjournal.com avec Reuters – 9 mars 2020

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