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La Birmanie « en surveillance renforcée » pour les trafics financiers

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Lors de son assemblée générale du 21 février dernier, le Groupe d’action financière (Gafi) a placé la Birmanie sur sa liste des pays devant être surveillé de plus près à cause du blanchiment d’argent et des trafics financiers qui s’y opèrent.

Pour autant, cet organisme inter-gouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ne met pas Nay Pyi Taw au pilori. Le Gafi reconnaît en effet de réels efforts des dirigeants birmans pour assainir le système financier du pays, tant par des réformes législatives que par de nouveaux règlements, comme celui encadrant désormais en théorie les versements d’argent liquide. Mais cela n’est pas suffisant aux yeux de ce « contrôleur international des mouvements financiers » créé en 1989 par les pays du G7, par l’UE et par sept autres nations, qui compte aujourd’hui 37 membres – en gros les pays riches de la planète se présentant comme démocratique – et la Birmanie n’en est pas.

Ce que le Gafi reproche avant tout à la Birmanie, c’est son manque de volonté et d’action concrètes pour faire respecter ses lois en matière de blanchiment d’argent et de fraude financière. Ainsi, de manière symptomatique, parmi les points à améliorer pour sortir de cette liste dite « grise » des pays sous surveillance renforcée figurent des recommandations pour faire en sorte que la lutte contre les trafics financiers dispose des moyens humains et financiers nécessaires, que la collaboration aux enquêtes internationales soit totale et effective, que les saisis et confiscations de produits de fraude identifiés augmentent et que ces saisis soient conservées correctement dans la durée… Le Gafi fait passer un message plutôt clair à Nay Pyi Taw : nous prenons acte de votre volonté de lutter contre les trafics financiers mais cette lutte doit être systématique et concerner tout le monde, dans un cadre international ; elle ne peut pas être à géométrie variable et exclure certains acteurs sous des prétextes internes au pays.

Entre autres dans le viseur, les trafics de drogues dont la Birmanie constitue la plaque tournante de l’Asie pour ce qui est de l’opium et des drogues synthétiques, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui estime à plusieurs milliards de dollars étasuniens les revenus – bien sûr illégaux – générés par ce commerce.

Figurer sur la liste « grise » n’entraîne aucune sanction directe dans l’immédiat. Mais d’une part, si le pays persiste dans ses « manquements », l’étape suivante peut être un appel du Gafi à ne plus coopérer avec le fautif – ce qui vient d’arriver à l’Iran et à la Corée du Nord –, et d’autre part cette « surveillance renforcée » va probablement créer des obstacles nouveaux aux transferts de fonds de et vers la Birmanie, ce qui peut faire hésiter certains investisseurs, et limiter éventuellement l’accès à des prêts d’institutions financières comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.  D’un autre côté, rien de trop décourageant au vu de certains autres membres de la liste « grise » qui se débrouillent très bien – Islande, l’Ile Maurice… – et sachant qu’un rapport de la Banque mondiale elle-même, publié voici quelques jours, estime entre 7,5% et 15% les montants de l’aide accordée par cette même Banque mondiale qui finissent… sur des comptes privés dans des paradis fiscaux !

Lepetitjournal.com – 24 février 2020

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