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Coronavirus au Cambodge : recherche touristes désespérément

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Alors que l’épidémie de covid-19 progresse, l’industrie touristique doit faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Au Cambodge, comme dans plusieurs pays d’Asie, les réservations déclinent.

La saison touristique, censée battre son plein au Cambodge, doit faire face à un invité indésirable: le coronavirus. Deux cas de patients infectés au covid-19 ont pour l’heure été recensés dans le royaume d’Asie du Sud-est. Dans les rues de Phnom Penh, la capitale, le masque chirurgical a donc fait son apparition. De façon discrète toutefois. Julie, une étudiante arrivée il y a deux semaines, a choisi de ne pas arborer de protection. Pour elle, comme pour ses amies, il n’était pas question de décaler leur séjour. «Des personnes ont été contaminées en Norvège, indique la baroudeuse de 19 ans. Ici ou là-bas, on s’est dit que ça revenait au même».

Si la psychose n’a pas gagné les voyageurs, les arrivées de touristes au Cambodge ont tout de même chuté depuis le début de l’épidémie. D’après le secrétariat d’État cambodgien chargé de l’aviation civile, le nombre d’arrivées a diminué de 52% depuis le début de l’année par rapport à 2019.

Sur Facebook, dans les médias ou sur la hotline mise en place au 115, les autorités sanitaires recommandent les mêmes gestes qu’ailleurs: se laver fréquemment les mains, tousser dans son coude ou éviter les personnes présentant des symptômes d’infection respiratoire aiguë.

Les annulations se multiplient, les réservations en berne

Au nord de Phnom Penh, sur «l’île de la soie», la Red House, maison d’hôtes de trois chambres ouverte par Stéphan il y a plus de quatre ans, attire les touristes de passage et les expatriés en mal de verdure. Mais l’impact du covid-19 se fait déjà sentir pour l’hôtelier. Sur les 37 nuitées prévues en février, six ont fait l’objet d’annulations. Une première depuis l’ouverture. «J’ai peu de charges: je n’ai pas de loyer et je vis en famille, explique-t-il. On sera touché mais moins que des établissements de 20 ou 30 chambres sur Phnom Penh ou Siem Reap qui ont de lourdes charges et des chambres inoccupées.»

À Siem Reap, première destination touristique du Cambodge et porte d’entrée vers les temples d’Angkor, la situation est particulièrement difficile. En janvier, le secteur touristique a dû faire face à des centaines d’annulations. Les réservations s’effondrent à leur tour, après une année 2019 déjà marquée par une baisse de fréquentation de 15% à Siem Reap et Angkor par rapport à 2018.

C’est en particulier le cas pour les visiteurs chinois qui représentaient pourtant plus d’un tiers des touristes au Cambodge en 2019. Avec le coronavirus, leur nombre a chuté de 90% par rapport à la même période l’an dernier. «On pensait pouvoir se rattraper sur le début d’année. Avec le virus, on perd espoir», lâche Veasna, gérante d’une petite agence de voyages de la ville, dans un rire amer.

Chez les opérateurs de voyage et les hôteliers, il y a une prise de conscience qu’il faut être solidaire

Les établissements hôteliers de Siem Reap commencent à revoir l’emploi du temps des employés voire à leur donner congé. Dans la crise, quelques points positifs émergent pourtant selon Florian Bohême, consultant en stratégie hôtelière et touristique installé au Cambodge depuis cinq ans. «Chez les opérateurs de voyage et les hôteliers, il y a une prise de conscience qu’il faut être solidaire». Depuis fin janvier, des campagnes s’organisent à l’instar de «Come for Angkor Wat, stay longer in Siem Reap» et les réunions des acteurs du tourisme se multiplient pour «évaluer les impacts de la crise et considérer les décisions à prendre ensemble».

Au Cambodge où le tourisme représentait 12,1% du PIB en 2019, le gouvernement a revu ses prévisions de croissance à la baisse et prend des mesures pour tenter de limiter l’impact économique du covid-19. Alors que les entrées à Angkor ont chuté de 37% sur les deux premiers mois de l’année, les autorités ont pris une décision concrète et symbolique: l’extension de la validité des billets d’entrée pour le parc archéologique dont le prix a presque doublé en 2017. Du 25 février au 25 juin, le billet d’un jour donne droit à deux jours de visite. Le billet de 3 jours sera valable 5 jours et celui de 7 jours étendu à 10. Une annonce saluée par les acteurs du tourisme de Siem Reap, comme celle d’exonérer de taxe les hôtels établis depuis au moins trois ans jusqu’en mai.

Ces mesures incitatives suffiront-elles à pallier la progression du virus? Jusqu’ici, seul un touriste chinois avait été officiellement testé positif au covid-19 fin janvier au Cambodge. Mais la semaine passée, un Japonais a lui aussi été testé positif à son arrivée à Nagoya après un séjour à Siem Reap. Un autre cas a ensuite été confirmé, celui d’un homme ayant été en contact avec le premier individu. Il s’agit du premier cas connu chez un Cambodgien. Plus de quarante personnes ont été placées en quarantaine à Siem Reap où les écoles sont fermées jusqu’à nouvel ordre et où le grand festival du Nouvel An khmer est annulé.

Par Juliette Buchez – Le Figaro – 11 mars 2020

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