Au Cambodge, la consommation de viande de chien en plein essor
Selon un rapport publié en 2019 par les associations Animal Rescue Cambodia et Four Paws, plus de 3750 chiens sont capturés chaque mois uniquement dans la province de Siem Reap pour ensuite être mangés. La plupart d’entre eux sont abattus dans des conditions effroyables avant de finir dans les assiettes.
Dans un village à quelques kilomètres de Siem Reap, un homme circule en moto. Sur son porte-bagage, une cage en métal, à laquelle sont accrochées une dizaines de poêle et casseroles. Son objectif : se rendre de village en village, pour troquer des chiens contre des ustensiles de cuisine.
A Siem Reap, une vingtaine de restaurants servent l’équivalent de quatre à six chiens chaque jour, soit 2900 chiens par mois, ou 35 000 chiens par an. Plus de 3750 chiens sont capturés dans la province de Siem Reap chaque mois et acheminés dans des abattoirs situé à Kampong Cham, Kampong Thom et Skun, avant que la viande ne soit livrée dans la capitale cambodgienne .A Phnom Penh, plus d’une centaine de restaurants servent des plats à base de viande de chien, derrière des devantures qui promettent des plats à base de « viande spéciale ».
Au Cambodge, environ trois millions de chiens sont brutalement tués chaque année pour leur viande, d’après une étude menée entre décembre 2018 et mai 2019 par les ONG Four Paws et Animal Rescue Cambodia, qui ont lancé une campagne contre la cynophagie dans le pays. « La demande de la viande de chien au Cambodge n’a jamais été aussi importante », affirme Martina Mayr, directrice d’Animal Rescue Cambodia.
Les abattoirs canins sont illégaux mais tolérés au Cambodge. L’abattage est réalisé le plus souvent par pendaison, à coups de masse, ou par immersion de cages contenant les animaux. « Contrairement à des pays comme la Chine ou le Vietnam, il n’y a pas de croyance au Cambodge selon laquelle la viande d’un animal qui a souffert est meilleure, indique Martina Mayr. Les solutions les plus pratiques sont privilégiées, et il s’avère qu’elles sont aussi les plus cruelles. »
Une pratique controversée au sein de la société cambodgienne
Selon un sondage réalisé auprès de 500 Cambodgiens par les auteurs du rapport, la viande de chien est surtout consommée par des hommes jeunes venant de milieux populaires. Des médecins de Phnom Penh recommandent en outre à des femmes enceintes de manger de la viande de chien durant leur grossesse. Les femmes représentent 30% des consommateurs de viande de chien au Cambodge. D’après le sondage réalisé par Four Paws et Animal Rescue Cambodia, 60% des Cambodgiens considèrent toutefois que la cynophagie n’est pas compatible avec la culture et les traditions khmères. Les personnes sondées évoquent fréquemment une pratique récente et venue de l’étranger.
Les ONG pointent le fait que la consommation de viande de chien présente des risques pour la santé. Les chiens malades et présentant des troubles du comportement – parfois atteints par le virus de la rage – sont vendus par leurs propriétaires à des abattoirs, et les conditions dans lesquelles la viande est cuite et préparée ne permet souvent pas d’éliminer le virus, d’autant plus que les cervelles de chiens sont parfois consommées. Environ 800 personnes meurent de la rage chaque année au Cambodge, où la mortalité liée à cette maladie est l’une des plus fortes au monde. « Plusieurs cas de personnes ayant contracté la rage après avoir mangé de la viande de chien ont été documentés », souligne Martina Mayr.
Pour mettre fin à la consommation de viande de chien dans le royaume, les ONG misent sur le dialogue auprès des autorités cambodgiennes. Four Paws et Animal Rescue Cambodia ont signé un accord de coopération avec le Cambodian Mine Action Centre, qui emploie de nombreux chiens pour ses activités de déminage.
Par Pierre Motin – Lepetitjournal.com – 12 mars 2020
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