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Le Vietnam face à la pandémie : une stratégie efficace

Par Jean-Pierre Archambault et Paul Fromonteil, respectivement secrétaire général et vice-président coopération de l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne (AAFV).

Le Vietnam a été félicité par l’Organisation mondiale de la santé pour sa stratégie efficace de lutte contre la pandémie du Covid-19. Quelques titres de la presse française parmi beaucoup d’autres tout aussi élogieux, la presse étrangères n’étant pas en reste (1) : « Face au Covid-19, les clés du succès vietnamien » ; « Coronavirus : le miracle vietnamien » ; « L’insolente réussite du Vietnam face au Covid-19 » ; « Coronavirus : Vietnam, le pays à zéro mort » ; « Viet Nam Zéro mort du coronavirus : comment expliquer le mystère vietnamien ? » ; « L’étonnant succès du Vietnam communiste face au coronavirus ». Le Vietnam est donc cité en exemple pour sa stratégie efficace de lutte contre le coronavirus.

Les chiffres sont là pour étayer ces titres et le bilan vietnamien est jugé globalement crédible par l’Université John Hopkins, une référence sur la question (en Asie de l’Est, le cas de Taïwan : 6 morts, 420 cas). Les journaux soulignent la transparence dont font preuve les autorités vietnamiennes dans leur politique d’information vis-à -vis de la population sur les questions sanitaires, Ainsi Ouest-France, le 22 avril : « Il y a sans doute un peu plus de cas, il y a peut-être des morts dont on n’a pas connaissance dans les campagnes. Mais s’il y avait des gens qui se rendaient massivement aux urgences, on le saurait. Il n’y a aucune entreprise gouvernementale pour masquer la situation. Avec les réseaux sociaux, très utilisés au Vietnam, ce serait de toute façon très difficile. » Si donc la presse écrite informe largement sur le bilan exceptionnel du Vietnam, en revanche, il faut noter le silence des télévisions et radios qui, par ailleurs, nous saturent de reportages sur la Corée du Sud (les bons élèves), la Chine (méfiance). Une certaine conception de l’information… 

Un des meilleurs résultats au monde face au Covid-19 

Pays « en voie de développement », peuplé de 94 millions d’habitants, le Vietnam a mis en œuvre une stratégie de défense à « bas coût » et a réussi à faire bien mieux que de nombreux pays riches, en premier lieu les États-Unis, mais aussi la France. Cela alors qu’il était parmi les plus exposés, à cause de sa proximité avec la Chine. 

L’État vietnamien, protecteur, a endigué le virus de manière humaine et appliquée. Les Vietnamiens ont fait corps avec le gouvernement. Le système public de santé décentralisé, où l’hôpital occupe une place prépondérante, a joué tout son rôle. 

Et, non seulement le Vietnam a protégé sa population, mais il a aussi offert des masques à d’autres pays, dont la France. 

Le Vietnam a de nombreuses expériences de confrontations avec des épidémies depuis la crise du SRAS en 2003, celle de la grippe aviaire et enfin celle du MERS qui ont marqué la mémoire collective des Vietnamiens. Personne n’a donc pris le sujet à la légère. Sans parler des guerres de libération. 

Trois maîtres-mots ; anticiper, dépister et isoler 

Dès les premiers signes de présence potentielle du virus, le gouvernement a anticipé. En effet, « la première évaluation du risque a été faite début janvier, peu de temps après l’annonce par la Chine de l’apparition des premiers cas de contamination », s’est félicité Kidong Park, représentant de l’OMS à Hanoï. La fermeture des frontières, notamment celle avec la Chine, longue de 1300 kilomètres, a été faite dès le 1er février. La fermeture des écoles a été effective depuis la fête du Nouvel An vietnamien, le Têt, le 25 janvier. 

Ont été mis en œuvre le repérage et le testage des personnes qui pouvaient présenter quelques symptômes ainsi que leur isolement immédiatement et localement, dans les écoles, des centres de l’armée ou des hôtels pendant 15 jours. Le Vietnam a donc adopté une stratégie extrêmement offensive pour retrouver toutes les personnes contaminées et celles avec qui elles avaient été en contact. Cette stratégie avait déjà porté ses fruits lors de l’épidémie de SRAS.  Autres mesures :   – Bien sûr le port par tous de masques de tous types (tissu, papier…), des masques réellement existants ! Pour cela un certain nombre d’entreprises qui produisent des vêtements ont été orientées vers la production de masques, plusieurs millions par jour.   – La diffusion par tous les moyens des mesures de protection, des gestes barrières, notamment par smartphone.   – Un confinement progressif qui s’est rapidement assoupli.   – La mobilisation de nombreuses entreprises pour produire des respirateurs de réanimation à faible coût.   – Un filet social pour les plus vulnérables.   

Système politique et confucianisme 

Enfin, la presse a souligné le rôle déterminant du système politique vietnamien. Le Vietnam et les pays de l’Asie de l’Est, dont la population se montre particulièrement disciplinée, ont réussi jusqu’à présent à endiguer et contenir la vague que nous prenons de plein fouet. L’excellence a des dimensions politiques, culturelles et civilisationnelles. Pour Jean-Noël Poirier, ancien ambassadeur de France au Vietnam, il ne s’agit pas d’un hasard, dans ces pays de culture confucéenne, « la défense et les intérêts du groupe l’emportent sur le droit de l’individu ».

Les relations France-Vietnam porteuses d’avenir

Si l’on regarde l’évolution de la pandémie en comparant les développements des situations en France, aux États-Unis, au Vietnam et en Chine, quelques idées fortes se dégagent. Ce n’est pas du côté d’un néo-libéralisme au service du capital financier ou d’une vision hégémonique que se trouvent les solutions. Au contraire, la crise pose une question incontournable, celle de la recherche d’autres voies pour le développement de l’humanité, pour des relations mondiales fondées sur l’amitié des peuples et la coopération : l’exemple du Vietnam le prouve. La réponse mondiale à la pandémie ne peut être construite que dans la multi-latéralité, dans le respect des identités, des intérêts de chacun. C’est la condition pour que le multi-latéralisme soit efficace. La pandémie traverse les frontières, la réponse ne peut être pertinente que dans cette dimension humaine. Les résultats obtenus au Vietnam nous intéressent donc et la situation exige de développer des relations qui ne soient plus celles d’un pays « riche » – la France – avec un pays « pauvre » – le Vietnam – mais d’assurer ces relations dans une réciprocité pleine de développements intéressants et prometteurs. 

Le sens de l’amitié et de la solidarité qui nous a conduits à la création de l’AAFV (Association d’Amitié Franco-Vietnamienne) prend donc des dimensions encore plus fortes avec le changement d’étape que souligne la pandémie. Les rapports France-Vietnam peuvent être un terrain pour la construction de réponses et de relations entre les peuples et les États. 

Par Jean-Pierre Archambault & Paul Fromonteil – L’Humanité – 10 mai 2020

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