Le Cambodge utilise le Covid-19 pour restreindre les libertés
Un rapport de la FIDH, rendu public ce jeudi 9 juillet, dénonce le risque d’une utilisation de l’état d’urgence sanitaire pour durcir sa législation
Le Cambodge fait partie de ces pays qui ont profité de l’épidémie du Covid-19 pour restreindre les droits et libertés de ses citoyens. C’est le constat que livre dans un rapport rendu public jeudi 8 juillet, l’observatoire de la protection des défenseurs des droits humains. Ce programme – conjoint entre la FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme), basée à Paris, et l’OMCT (Organisation mondiale contre la torture), basée à Genève – est financé notamment par l’Agence française de développement (AFD).
Possibilité de décréter un état d’urgence
Depuis fin avril, une loi autorise le gouvernement cambodgien à décréter un état d’urgence lui conférant des pouvoirs accrus pour restreindre les droits et libertés. Cette loi est motivée par l’épidémie du Covid-19. Elle n’a pas, pour l’instant, été utilisée par le gouvernement. Les raisons pour lesquelles un état d’urgence serait déclaré restent assez vagues. La loi évoque « un danger » ou « un grand risque », sans plus de précisions. Cet état d’urgence, d’une durée de trois mois, pourrait être prolongé indéfiniment.
Hugo Gabbero a effectué pour le compte de la FIDH une mission au Cambodge l’an dernier, afin de réaliser ce rapport sur « la répression des défenseurs des droits humains au Cambodge ». Il a constaté que « le pays est en plein boom économique, poussé par une présence chinoise de plus en plus forte. » Mais, parallèlement, le régime « harcèle la société civile ».
De nombreux signes d’évolution autoritaire
Hugo Gabbero constate ainsi une évolution depuis cinq ans au Cambodge, avec l’adoption d’une législation restrictive envers les syndicats et les associations, suivie de la décision de rendre illégal le premier parti d’opposition et de l’affaiblissement des médias indépendants. « Les activistes en ligne sont surveillés. Depuis 2018, les fournisseurs d’Internet doivent faire passer leur trafic par un centre de gestion gouvernemental des données. Une quarantaine de personnes ont été arrêtées pour divulgation de fausses nouvelles, uniquement au vu de leurs publications sur des comptes Facebook » relève le responsable du bureau des défenseurs des droits humains à la FIDH.
L’évolution du régime cambodgien a conduit la FIDH à alerter Mary Lawlor, la nouvelle rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits humains afin qu’elle analyse la situation. « Les Européens ont suspendu temporairement l’exemption des taxes sur le sucre en opposition aux violations des droits de l’Homme du régime », souligne Hugo Gabbero.
Par Pierre Cochez – La Croix – 9 juillet 2020
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