Covid-19. Le cri d’alarme d’un médecin birman dans l’État d’Arakan
Plusieurs dizaines de cas de contamination ont été recensés ces derniers jours dans la capitale de l’État d’Arakan. Or plus de 100 000 déplacés de l’intérieur – qui ont fui les combats entre armée birmane et forces autonomistes – vivent à Sittwe, dans des conditions déjà précaires.
“La semaine qui vient de s’écouler a été tragique pour Sittwe”, la capitale de l’État d’Arakan, dans l’ouest de la Birmanie, écrit le médecin Nay Lin Tun dans une tribune publiée par le magazine Frontier Myanmar.
De nouveaux de Covid-19 ont été recensés, 72 en l’espace de quelques jours. Aucun de ces cas n’est lié à un voyage à l’étranger, ce qui indique “une contamination venant de l’intérieur du pays”.
Le médecin salue la réponse ferme des autorités, qui comprend l’obligation pour les habitants de rester chez eux, la fermeture du principal marché le 21 août et une quatorzaine imposée à tous ceux qui quittent la ville. De plus, un couvre-feu a été mis en place entre 21 heures et 4 heures.
Néanmoins, “la probable propagation du virus dans les camps de déplacés de l’intérieur est une terrible nouvelle”. Des employés d’organisations humanitaires travaillant dans ces camps font partie des personnes nouvellement contaminées. “Des milliers de personnes vivent dans ces camps dans une grande promiscuité, rendant impossible la distanciation physique.”
Les résidents de ces camps, plus de 100 000 à Sittwe, font partie des personnes les plus vulnérables, écrit-il.
Un conflit ancien
Certains de ces camps ont ouvert à partir de 2012 à la suite des premières émeutes entre les Arakanais bouddhistes et la minorité musulmane des Rohingyas.
Depuis, les combats entre l’armée birmane et l’Armée de l’Arakan, une organisation bouddhiste séparatiste qui demande plus d’autonomie vis-à-vis du pouvoir central pour l’État d’Arakan, ont entraîné de nouveaux déplacements de villageois vers Sittwe.
“Plus cette guerre durera, plus les gens seront déplacés d’un village à un autre. Les restrictions de déplacement [dues au Covid-19] n’empêcheront pas les gens de fuir face à une attaque de mortier”, conclut le médecin.
Le gouvernement doit immédiatement intervenir pour faire cesser ces combats et montrer qu’il estime que les vies des habitants de l’État d’Arakan comptent.”
Courrier International / Frontier Myanmar – 31 Août 2020
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