Birmanie: lancement de la campagne électorale pour les législatives
La Birmanie lance mardi la campagne électorale pour les élections de novembre, un scrutin qui devrait permettre au parti d’Aung San Suu Kyi, très critiquée par la communauté internationale mais toujours adulée par une majorité de la population, de conserver le pouvoir.
Il s’agit de la deuxième élection nationale depuis le départ de la junte qui a contrôlé le pays pendant un demi-siècle.
La campagne pourrait être perturbée par la pandémie de coronavirus, alors que les cas recensés se multiplient ces derniers jours notamment à Rangoun et dans l’État Rakhine, une région pauvre en proie aux tensions ethniques et religieuses. De plus en plus de voix demandent un report du scrutin.
La Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi, grand vainqueur des législatives de 2015, devrait sans surprise remporter l’élection.
La Prix Nobel de la Paix, qui dirige depuis quatre ans la Birmanie même si elle n’exerce pas officiellement la fonction présidentielle, est devenue une paria à l’international, accusée de passivité dans le drame des musulmans rohingyas.
Depuis 2017, quelque 740 000 Rohingyas ont fui les exactions de l’armée birmane et se sont réfugiées au Bangladesh voisin où ils s’entassent dans d’immenses camps de fortune. Cette crise a même conduit la Birmanie à se voir accuser de «génocide» devant la Cour internationale de justice, plus haute instance judiciaire de l’ONU.
Mais l’ex-icône de la démocratie, aujourd’hui âgée de 75 ans, reste très appréciée dans son pays, notamment chez les Bamars, l’ethnie majoritaire.
«Je soutiens la Ligue nationale pour la démocratie (LND) parce que j’aime Mother Suu», relève Zaw Min, conducteur de cyclo-pousse à Rangoun.
Son échec à conclure la paix avec plusieurs minorités rebelles et son maigre bilan en matière de santé ou de lutte contre la pauvreté la rend moins populaire chez d’autres ethnies.
Le principal parti d’opposition à la LND, le Parti de la solidarité et du développement de l’Union (PSDU), aligné sur l’armée, y voit une ouverture.
«J’essaie de passer une entente avec les partis ethniques», qui se sentent les oubliés de l’élection, a déclaré à l’AFP Than Htay, chef du PSDU.
Les militaires sont encore tout-puissants dans le pays: ils contrôlent trois ministères clés (l’Intérieur, la Défense et les Frontières) et la constitution leur assure 25% des sièges au parlement.
Agence France Presse – 8 septembre 2020
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