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Election, piège à trouffion

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Le 3 octobre dernier, la commission électorale de Birmanie a soumis plusieurs amendements au code électoral actuel dont le principal consiste à interdire les bureaux de vote dans les enceintes militaires mais à les installer juste à l’extérieur des casernes et autres écoles militaires.

Objectif avoué et assumé de la commission : permettre aux partis politiques, civils, de surveiller et contrôler les conditions et la régularité du scrutin dans ces bureaux.

Malgré le retour d’un gouvernement en grande partie civil, la question du vote des soldats reste sensible en Birmanie, où depuis 2010 les militaires et toute leur famille ont systématiquement reçu l’ordre de voter dans les bureaux au sein de leur cantonnement. Et « pour des raisons de sécurité », selon le haut-commandement, les civils n’avaient pas le droit d’accéder à ces bureaux et donc de surveiller et valider la transparence du scrutin.

Sans surprise, lors de toutes les élections entre 2010 et 2018, générales ou partielles, les hommes de troupes ont voté à une écrasante majorité pour le parti de l’Union, de la Solidarité et du Développement (Union Solidarity and Development Party, USDP), le parti des généraux. Il faut reconnaître que dans des bureaux souvent sans isoloir, après avoir reçu l’ordre de voter pour l’USDP, devoir déposer son bulletin de vote sous la surveillance de ses supérieurs – toutes situations avérées durant des scrutins – ne facilitent pas la liberté d’expression. Des cas où les bulletins étaient préremplis ou présélectionnés ont également étaient rapportés, jusqu’à des situations extrêmes où les officiers supérieurs ont tout bonnement voté au nom de leurs hommes… Sachant que la Birmanie compte environ 500 000 hommes de troupe, et en ajoutant leurs familles, ce sont au moins un million de votes qui sont ainsi pris en otages, sur les 37 millions de votants possibles pour 2020. A quoi s’ajoutent les 25% de parlementaires non-élus désignés par les hauts gradés… Cela rend la démocratie un peu moins participative, nonobstant les nombreux défauts des partis civils.

Sans surprise encore, le porte-parole de l’armée, le général Tun Tun Nyi a affirmé que « les soldats et leurs familles ne peuvent pas sortir voter car ils sont trop occupés pour cela. Nous sommes en état d’astreinte permanent pour faire notre devoir, 24h/24, et donc sortir est impossible » ; 100% de soldats en alerte permanente est un argument qui vaut ce qu’il vaut, et il faut quand même espérer que les pauvres trouvent le temps de parfois dormir ; quant à la notion de devoir et d’astreinte pour les membres, civils, des familles des militaires, elle vaut elle aussi ce qu’elle vaut…

Sans surprise toujours, un député élu de l’USDP s’est prononcé contre l’amendement voulu par la commission électorale en affirmant que « la commission ne devrait changer les procédures de vote qu’après avoir soigneusement pris en compte la nature et la structure de l’armée. Faire sortir les soldats pour voter, c’est mettre les cantonnements en extrême danger et créer des obstacles à la libre expression de ces hommes ».

Outre ce changement de localisation des bureaux de vote, la commission électorale a aussi demandé des modifications du système de vote par correspondance. Dans le cas des militaires, les soldats stationnés en dehors de leur circonscription normale de vote pourront toujours voter par correspondance mais seulement à l’heure et le jour fixés par la commission, plus par leurs officiers comme précédemment. Une autre modification stipule qu’il suffira désormais de 90 jours de résidence dans un nouveau lieu, et non plus 180, pour pouvoir changer de circonscription électorale. Une mesure pour aider et encourager à voter les centaines de milliers de déplacés internes au pays.

Si le parlement ne s’oppose pas à toutes ces propositions de changement la loi électorale, celles-ci entreront en vigueur dans un délai de 90 jours.

Lepetitjournal.com – 21 Septembre 2020

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