Le royaume Lanna, ce grenier à souvenirs thaïlandais
Attention, nostalgie ! Le nord de la Thaïlande (Lanna en Français, Lan Na en anglais) présente une infinie variété de ressources historiques, accompagnées d’un riche patrimoine.
De quoi passionner les visiteurs à la recherche d’excursions culturelles. Voyager au Lanna ? Un plaisir qui vous fera découvrir à la fois la Thaïlande ancienne et la Thaïlande moderne..
Si c’est le royaume de Sukhothai qui s’imposa à la tête des populations thaïes d’Asie du Sud-Est, il était loin d’être initialement le seul à pouvoir prétendre à cette suprématie.
De nombreuses chefferies rivalisaient entre elles dans la région, et même si peu pouvaient réellement revendiquer le nom de royaume, il en était au moins trois qui auraient pu se tailler la part du lion. Sukhothai était l’une d’entre elles ; le Lan Na et le Lan Chang, les deux autres. Nous avons publié un article sur le Lan Chang cette semaine.
Le royaume du Lan Na (le million de rizières) qui se développa aux confins des actuels Thaïlande, Birmanie et Laos fut une émanation de la principauté de Chiang Saen que son roi, Mang Rai, entendait développer.
En 1262, il fonde la ville de Chiang Rai et envoie une taupe à Lamphun pour y préparer une conquête qu’il mène à bien en 1281. Il fait ensuite serment d’éternelle amitié avec Ngam Muang, roi de Phayao, et Ramkhamhaeng, souverain de Sukhothai. En 1296, il commence la construction de sa nouvelle capitale, Chiang Mai, sur un site qu’il occupait déjà depuis quelques années. Divisé en deux à la mort de Mang Rai (1311), le royaume est réunifié en 1325. C’est le très pieux roi Pha Yu (1337-55) qui fait construire la muraille et creuser le fossé qui entourent la vieille ville de Chiang Mai.
En 1385, une guerre de succession amène Ayutthaya à s’immiscer, vainement, dans les affaires du royaume. En 1401, la mort du roi Saen Muang Na marque le début de deux longs règnes qui apportent une certaine stabilité au royaume. Le premier de ces règnes (40 ans) est marqué par des guerres contre Sukhothai, le Yunnan et Ayutthaya. Le second roi, Tilokaracha (1441-87), fait du Lan Na un État crédible avec lequel il faut compter et s’inscrit dans les mémoires comme le plus grand roi que le royaume ait connu. L’accession du roi Trailok au trône d’Ayutthaya (1448) marque le début d’une longue période d’hostilités entre les deux royaumes, illustrée entre autres par la guerre (1451-62) qu’ils se livrent pour le contrôle de Sukhothai. En 1478, le Lan Na doit contenir les armées vietnamiennes qui le menacent sur son flanc oriental.
En 1507, le Lan Na prend Sukhothai,mais cette victoire marque le début de nombreux revers essuyés par le Lan Na dans sa lutte contre Ayutthaya pour la suzeraineté sur le vieux royaume de Ramkhamhaeng. Lampang est même pillée en 1515. En 1545, la mort du roi Ket Chettharat sonne la fin de l’indépendance du Lan Na qui est dès lors balloté entre tous ses voisins — Siam, Lan Chang et Birmanie — qui se ruent à l’assaut du moribond, chacun montant son, ou ses, expéditions. Après la régence d’une femme et l’accession au trône du fils du roi du Lan Chang — qui, s’étant rendu à Luang Prabang, refusa de retourner à Chiang Mai car des troubles s’étaient déclarés au Lan Na —, c’est finalement Mekuti (1551-64), un Shan de Nai descendant direct de Mang Rai, qui est nommé roi en 1551. En 1558, le roi Bayinnaung de Birmanie s’empare de Chiang Mai, vassalisant Mekuti et s’assurant une base d’attaque contre Ayutthaya. Ayant tenté de se rebeller en 1564, Mekuti est envoyé en Birmanie et la reine Wisutthithewi (1564-78) prend, du moins nominalement, la tête du Lan Na.
A partir du milieu du XVIe siècle, et pendant presque deux cents ans, l’histoire du Lan Na n’est qu’une longue suite d’invasions tantôt birmanes, tantôt siamoises, tantôt laotiennes — parfois même perpétrées par le Lan Na lui même qui s’est fragmenté en une multitude de muang (ou chefferies) —, chaque envahisseur remplaçant le roi fantoche du « conquérant » précédent par le sien, bientôt détrôné lui-même par la vague suivante. En 1595, Chiang Mai appelle Naresuan au secours contre Luang Prabang et reconnait la suzeraineté d’Ayutthaya. Au début du XVIIIe siècle, les lambeaux du Lan Na qui subsistent encore sont exsangues et la population supporte difficilement les levées d’impôts et de troupes auxquelles elle est soumise. En 1763, la Birmanie attaque Chiang Mai qui tombe après six mois de siège. L’année suivante, l’intégralité de ce qui avait été le Lan Na est conquise. Les troupes siamoises s’emparent de la ville en 1774. Le Lan Na est dès lors intégré au Siam.
Par Xavier Galland – Gavroche-thailande.com – 9 Janvier 2021
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