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L’agent orange et Bayer-Monsanto sur le banc des accusés

À l’initiative d’une Franco-Vietnamienne qui s’estime victime de “l’agent orange” – un herbicide ultratoxique utilisé par l’armée américaine durant la guerre du Vietnam -, une quinzaine d’entreprises agrochimiques, dont Bayer-Monsanto, comparaissent ce lundi devant le tribunal d’Evry.

C’est devant un tribunal français que pourrait être reconnu au niveau international le crime d’écocide. Ce lundi, plus d’une dizaine d’entreprises agrochimiques, dont Bayer-Monsanto, comparaissent devant le tribunal d’Evry dans l’Essonne, au sujet de “l’agent orange”, cet herbicide ultratoxique déversé abondamment sur les forêts vietnamiennes pendant la guerre (1955-1975). Et cela grâce à l’initiative d’une Franco-Vietnamienne.

Tran To Nga, née en 1942 dans l’Indochine française, s’est engagée pendant le conflit dans le camp du Nord. Or, entre 1961 et 1971, l’armée américaine a épandu des millions de litres d’un défoliant très toxique contenant de “l’agent orange” sur les forêts vietnamiennes et laotiennes pour empêcher la progression de la guérilla communiste, en guerre contre le Sud.

« Cette dioxine a une puissance toxique 13 fois plus importante que les herbicides civils comme le glyphosate par exemple », rappelle Valérie Cabanes, juriste en droit international. “L’agent orange” détruit la végétation, pollue les sols, intoxique végétaux et animaux. Les conséquences sanitaires sur la population (cancers, malformations) se font encore sentir aujourd’hui. Quatre millions de personnes auraient été exposées à cet herbicide au Vietnam, au Laos et au Cambodge.

Soutenue par de nombreuses associations, Tran To Nga, désormais septuagénaire, a porté plainte en 2014 contre 14 entreprises ayant fabriqué ou commercialisé ce composé chimique, dont Monsanto (racheté en 2018 par l’allemand Bayer) et le fabricant américain Dow Chemical.

Un combat pour des millions

« La reconnaissance de victimes civiles vietnamiennes créera un précédent juridique » si la responsabilité des multinationales est établie, indique Valérie Cabanes. En effet, seuls d’anciens combattants américains, australiens et coréens qui ont combattu au Vietnam ont été indemnisés lors de procès entre 1987 et 2013.

« Ce n’est pas pour moi que je me bats », déclare Tran To Nga, qui souffre d’un diabète de type 2, de la tuberculose ainsi que d’un cancer, mais « pour mes enfants » et « ces millions de victimes ».

Le Journal de Saône et Loire – 25 Janvier 2021

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