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Retrouver son équilibre en vivant comme un moine

Nombreux sont les jeunes qui optent actuellement pour une retraite bouddhique afin de retrouver un équilibre de vie. Selon eux, cette expérience leur permet d’éliminer le stress, de retrouver la santé et de trouver des solutions aux problèmes du quotidien.

Malgré un grand volume de travail,  un médecin très connu à Hanoï « disparaît » chaque année durant une à deux semaines. Pendant cette période, aucun contact avec lui n’est possible. Il effectue en fait une retraite bouddhique dans une pagode montagneuse. « Je suis toujours très tendu au travail et des amis m’avaient suggéré de me mettre au vert une à deux semaines chaque année dans une pagode. J’ai suivi leur conseil et j’ai trouvé cela très bénéfique. Depuis, je garde l’habitude de le faire chaque année », partage-t-il en refusant de se présenter.

Tendance thérapeutique de la vie moderne

Avant d’ajouter : « C’est comme si on effaçait le tableau pour y réécrire de nouvelles histoires. Avant chaque session, il y a tellement de choses qui trottent dans ma tête que je n’arrive pas à bien les organiser. Je me mets alors en congé, me rends dans une pagode, vit comme un moine et me met à la méditation. Je prends alors le temps de penser et d’analyser tous mes problèmes, les classe par ordre d’importance et supprime même les futilités. Je sors ainsi de la retraite beaucoup plus calme et tellement allégé ».

Selon lui, beaucoup de médecins ont recourt à cette méthode.  À la différence des très jeunes qui suivent des sessions collectives organisées, les plus âgés préfèrent les retraites dans une pagode lointaine et évitent les périodes de pèlerinage.

Hélène Lan, une enseignante de yoga à Hanoï, fait savoir que beaucoup de ses apprentis atteints de burn-out (que l’on peut littéralement traduire comme un syndrome d’épuisement professionnel) considèrent le fait de vivre comme un moine pendant quelques temps comme un médicament hypnotique guérissant l’insomnie.

Trân Thanh Tuân, employé du groupe Lotte Vietnam, réalise cette expérience depuis huit ans. Chaque fois qu’il s’éloigne de la ville pour mener une vie de moine, le but est véritablement de se cacher. « Je ne prends pas mon téléphone portable ni mon portefeuille. Durant tout le temps de la retraite, je n’ai aucun contact avec l’extérieur, y compris avec ma famille et mes amis. Ma retraite est très simple : j’y vais pour pratiquer la méditation, manger végétarien et effectuer certaines petites tâches ».

Lê Mai, une employée de la banque HSBC, fait part que depuis quelques années, sa chef s’absente du travail pendant environ une semaine. Quand elle revient, elle semble être rafraîchie. « Apprenant qu’elle était de retour d’une pagode, je l’ai imité. Ce qui m’étonne, c’est qu’il y a beaucoup de jeunes qui participent à cette expérience« , ajoute-t-elle.

Faire une pause, prendre du recul

Toutes les personnes interrogées ayant vécu ce type d’expérience trouvent que vivre vraiment comme un moine n’est pas synonyme de repos ou de distraction mais c’est vivre misérablement. Vivre comme un moine volontairement, c’est accepter de suivre son emploi du temps. Concrètement, on se lève à 03h30, se couche à 21h00, chaque jour, on doit se mettre au genou et se prosterner de 100 à 300 fois, prendre des repas, écouter des prêches, pratiquer la méditation, aider les bonzes à faire la cuisine, planter des légumes, travailler la terre, nettoyer les cours, le jardin et à l’intérieur de la pagode.

« Auparavant, j’avais l’habitude de me coucher tard, à 02h00-03h00. À la pagode, je dois dormir à 09h00 et me lever à 03h00. Cela a bouleversé mon rythme biologique. Les deux premiers jours, j’étais plus stressée qu’à la maison. Mais trois jours après, je suis arrivée à m’y familiariser. Toute la journée, je ne pense guère au travail. En écoutant les prêches, j’ai appris beaucoup de choses intéressantes, ce qu’est le bonheur, pourquoi il ne faut pas se forcer de faire ce que l’on n’aime pas. À présent, je suis devenue plus sereine et plus calme », confie Lê Mai.

Selon un bonze, ces dernières années, le nombre de particuliers, notamment des jeunes, s’inscrivant à de telles expériences a augmenté considérablement. L’année dernière, un jeune couple est venu demander à la bonze gérante de la pagode de le « sauver ». Ici, les logements des femmes et des hommes sont séparés. Après dix jours de vie de monastique, ils ont exprimé leur gratitude et affirmé qu’ils avaient envisagé de se suicider ensemble car leurs familles sont opposées à leur amour. La jeune femme, originaire du Centre, est tenue de retourner travailler dans sa province natale tandis que le jeune homme, enfant unique à Hanoï, dans le Nord.

Par Mai Quynh – Le courrier du Vietnam – 30 janvier 2021

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