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Birmanie : la police tire des balles en caoutchouc contre les manifestants

Au quatrième jour d’importantes manifestations, la tension monte dans plusieurs villes du pays. La loi martiale a été déclarée dans certaines régions.

Malgré les menaces de représailles lancées par les généraux putschistes, des manifestants ont commencé à se rassembler dans plusieurs villes de Birmanie. Canons à eau, tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes… les forces de l’ordre tentent de décourager les manifestants. À Naypyidaw, la capitale construite par la junte au cœur de la jungle, la police a tiré des balles en caoutchouc sur des manifestants, selon des témoins. Un peu plus tôt, les forces de l’ordre avaient fait un usage répété des canons à eau contre un petit groupe de contestataires qui refusaient de se disperser devant un barrage des forces de l’ordre.

À Mandalay, la deuxième ville du pays, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants, selon des témoins. Les forces de l’ordre « ont tiré ces gaz contre des manifestants qui agitaient des drapeaux de la Ligue nationale pour la démocratie », le parti d’Aung San Suu Kyi, a raconté une habitante de la ville. « Nous leur avons donné de l’eau pour les aider. » Les autorités ont interdit la veille les rassemblements de plus de cinq personnes à Rangoun, Naypyidaw et dans d’autres villes du pays. Un couvre-feu a été décrété.

Bravant les menaces, les manifestants sont à nouveau descendus mardi en nombre dans les rues. À Rangoun, la capitale économique, des contestataires se sont rassemblés près du siège de la LND. « Pas de dictature ! », « nous voulons notre chef ! », Suu Kyi, détenue au secret depuis son arrestation le 1er février, pouvait-on lire sur des banderoles. Dans un autre quartier de la ville, des dizaines d’enseignants ont défilé, saluant à trois doigts en signe de résistance. Les mises en garde de l’armée « ne nous inquiètent pas, c’est pourquoi nous sortons aujourd’hui. Nous ne pouvons pas accepter leur excuse de fraude électorale. Nous ne voulons pas d’une dictature militaire », a déclaré à l’Agence France-Presse l’enseignant Thein Winun.

Loi martiale décrétée

La loi martiale a été décrétée lundi 8 février dans plusieurs villes de Birmanie, les généraux faisant planer pour la première fois la menace de représailles contre les manifestants, descendus par centaines de milliers dans les rues. Le commandant en chef de l’armée, Min Aung Hlaing, s’est exprimé pour la première fois dans la soirée, invoquant de nouveau « des fraudes électorales » lors des législatives de novembre pour justifier son putsch.

« Nous enquêtons sur les autorités responsables » de ces irrégularités, a ajouté Min Aung Hlaing sur la chaîne de l’armée Myawaddy TV. Il s’est engagé à « la tenue d’élections libres et justes » à la fin de l’état d’urgence d’un an et a promis un régime militaire « différent » des précédents. La Birmanie a vécu près de 50 ans sous le joug de l’armée depuis son indépendance en 1948 et le putsch du 1er février a mis fin à une brève parenthèse démocratique d’une décennie.

Washington n’a pas pu contacter Aung San Suu Kyi

Le coup d’État a été condamné par les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et de nombreux autres pays. Le Royaume-Uni, l’Union européenne et 19 autres membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont demandé une réunion d’urgence. Dans la soirée de lundi, les États-Unis ont affirmé avoir essayé de parler à la principale dirigeante civile birmane Aung San Suu Kyi, mais leurs requêtes ont été rejetées.

« Nous sommes du côté du peuple birman et nous soutenons son droit à se rassembler de manière pacifique, et notamment à manifester de façon pacifique en faveur du gouvernement élu démocratiquement », a ajouté le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price. « Nous sommes bien entendu très inquiets des récentes annonces de l’armée limitant les rassemblements publics », a-t-il ajouté auprès de journalistes.

La Nouvelle-Zélande a annoncé mardi la suspension de ses contacts militaires et politiques de haut niveau avec la Birmanie, devenant le premier pays à décider d’un isolement de la junte. « Après des années de dur travail pour bâtir une démocratie en Birmanie, je pense que tout Néo-Zélandais doit se sentir catastrophé de voir ce que les militaires ont fait ces derniers jours », a déclaré à la presse la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.

Agence France Presse – 9 février 2021

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