Manif à Bangkok contre la lèse-majesté et reprise de la contestation
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés mercredi à Bangkok pour exiger la libération de quatre militants placés en détention provisoire dans l’attente de leur procès pour insulte au roi de Thaïlande.
Certains frappaient sur des tambours, des casseroles ou des poêles, empruntant aux manifestations anti-coup d’Etat en Birmanie de la semaine dernière, tandis que d’autres brandissaient des drapeaux birmans pour afficher leur soutien au mouvement pro-démocratie de leurs voisins.
Si cette manifestation mercredi avait à l’origine pour objet d’exprimer un soutien aux manifestants de Birmanie, elle s’est transformée en un appel à modifier ou révoquer l’article 112 du code pénal, la loi de lèse-majesté, après la mise en détention mardi de quatre militants en attandant leur procès pour insulte à la royauté, un crime passible de 3 à 15 ans de prison par chef d’accusation.
Les policiers en tenue anti-émeute ont brièvement affronté les manifestants lorsque ceux-ci ont marché près d’un commissariat.
« Si nous sortons dans la rue par centaines de milliers, nous pourrons réformer la monarchie », a déclaré l’une des figure de proue de la contestation, Panusaya «Rung» Sithijirawattanakul.
Le mouvement antigouvernemental mené depuis l’an dernier par de jeunes thaïlandais a commencé en août à questionner le statut et le rôle de la royauté, du jamais vu dans le royaume depuis des décennies, libérant les langues et les esprits sur ce sujet central de la société thaïlandaise jusque-là inabordable en public.
Mais alors que la loi de lèse-majesté n’avait pas été utilisée depuis 2018 dans le royaume, des dizaines de plaintes ont été déposées depuis novembre contre des leaders du mouvement. Et mardi, la cour pénale a refusé d’accorder la liberté sous caution à quatre de leurs camarades dont le procès doit s’ouvrir en mars, suscitant une première manifestation au carrefour de Pathumwan, dans le centre de Bangkok.
Mercredi, ils étaient un millier à s’être rassemblés à la tombée de la nuit au même carrefour devant le centre commercial MBK et le centre culturel BACC, certains brandissant des pancartes disant «libérez nos amis» ou encore «abolissez le 112». D’autres frappaient sur des casseroles métalliques portant le numéro 112 qui correspond à l’article du code pénal qui punit le crime de lèse-majesté.
Un peu plus tôt dans la journée, 44 députés de l’opposition ont soumis une proposition d’amendement dudit article.
Les leaders de la manifestation ont déclaré que le rassemblement marquait la reprise des grandes manifestations de rue de l’an dernier, qui avaient été perturbées par une recrudescence de cas positifs au coronavirus à la mi-décembre.
« Aujourd’hui, c’est le premier rassemblement, le lancement et une bataille après qu’un système injuste a emprisonné nos amis », a déclaré Panupong Jadnok, un des leaders du mouvement.
Les manifestants ont renouvelé les trois points de revendication de l’année dernière: sortir le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, réécrire la Constitution promue par l’armée et réformer la monarchie.
Panupong a estimé que les événements en Birmanie devraient inspirer le mouvement thaïlandais.
Prayuth Chan-O-Cha, qui a mené le coup d’État de 2014, a déclaré que le retour des manifestations allaient nuire à la Thaïlande.
« Est-ce bien approprié? Si ce n’est pas le cas, alors n’allez pas les soutenir. N’en avons-nous pas assez en Thaïlande? » a-t-il dit.
Lepetitjournal.com avec Reuters – 11 février 2021
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