Birmanie : la répression se poursuit après la condamnation des violences par l’ONU
Le Conseil de sécurité des Nations unies a enjoint à l’armée birmane de « faire preuve de la plus grande retenue ». De son côté, la junte a lancé de nouvelles accusations de corruption à l’encontre d’Aung San Suu Kyi.
Neuf manifestants ont été tués, jeudi 11 mars, en Birmanie où la junte poursuit sa répression, malgré un accroissement de la pression internationale sur le régime. Les forces de sécurité ont mené des opérations dans la nuit de mercredi à jeudi dans le quartier de Sanchaung à Rangoun, la capitale économique du pays, effectuant notamment des descentes dans des appartements à la recherche d’armes.
Dans la région de Myaing, dans le centre du pays, « six hommes ont été tués par balles et huit personnes ont été blessées, dont une se trouve dans un état critique », a rapporté un secouriste. Cinq d’entre eux ont reçu une balle dans la tête, selon un autre témoin. Un septième mort a été recensé dans un quartier de l’est de Rangoun, la capitale économique du pays : Chit Min Thu, 25 ans, a lui aussi été tué d’une balle dans la tête.
A Bago, une ville au nord-est de Rangoun, Zaw Zaw Aung, sourd de 33 ans, est mort d’une balle dans la tête, a annoncé son père, Myint Lwin. Un homme de 30 ans a aussi été tué à Mandalay, deuxième ville du pays, où deux autres personnes ont été blessées, selon un secouriste. « Nous n’avons pas pu récupérer son corps car les équipes de secours sont elles aussi visées », a-t-il précisé.
L’Association d’assistance aux prisonniers politiques avait dénombré, mercredi, au moins 60 civils tués et près de 2 000 personnes arrêtées depuis le coup d’Etat militaire du 1er février. L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a dénoncé jeudi des « exécutions extrajudiciaires » et le recours à des armes de guerre, expliquant dans un communiqué avoir analysé 55 vidéos, filmées entre le 28 février et le 8 mars par des membres du public et des médias locaux, montrant que « la force létale est utilisée de manière planifiée, préméditée et coordonnée » par l’armée birmane.
La junte a également lancé de nouvelles accusations de corruption contre l’ancienne chef du gouvernement civil Aung San Suu Kyi.L’ancienne dirigeante, renversée par un coup d’Etat le 1er février et mise au secret depuis, est désormais soupçonnée d’avoir reçu pour 600 000 dollars de pots-de-vin et plus de 11 kg d’or.
Condamnation inédite et revirement de la Chine
Les militaires au pouvoir sont toutefois sous pression depuis mercredi et la condamnation unanime des violences par le Conseil de sécurité de l’ONU. Dans sa déclaration adoptée à l’unanimité des quinze membres, donc également par la Chine et la Russie, des alliées traditionnelles des généraux birmans, l’instance a appelé l’armée à « faire preuve de la plus grande retenue ».
Le Monde avec Agence France Presse – 11 mars 2021
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