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Neuf manifestants tués en Birmanie, l’Indonésie tente une médiation

Les forces de sécurité birmanes ont tué vendredi au moins neuf personnes s’opposant au coup d’Etat militaire du 1er février, selon un responsable des services funéraires et les médias, alors que l’Indonésie tente une médiation pour mettre fin à la violence et rétablir la démocratie.

Plusieurs parlementaires birmans, évincés après le putsch, songent par ailleurs à saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes contre l’humanité commis après la prise de pouvoir de la junte.

Deux journalistes de la BBC ont en outre été arrêtés par les nouvelles autorités birmanes, a indiqué le média britannique.

L’armée et la police font usage de techniques de plus en plus violentes afin de réprimer les manifestations organisées en soutien à la dirigeante détenue Aung San Suu Kyi mais sans parvenir à étouffer le mouvement de protestation.

Vendredi, les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants dans la ville d’Aungban, dans le centre du pays, et ont ensuite ouvert le feu, ont rapporté les médias et un témoin.

« Les forces de sécurité sont venues pour enlever les barrières mais les gens ont résisté et ils ont tiré des coups de feu », a déclaré par téléphone un témoin sur place, qui a refusé d’être identifié.

Un responsable des services funéraires d’Aungban, ayant requis l’anonymat, a déclaré à Reuters que huit personnes avaient été tuées, dont sept sur place et une autre qui a succombé de ses blessures dans un hôpital dans la ville voisine de Kalaw.

Sollicité, le porte-parole de l’armée a déclaré que les forces de sécurité n’avaient fait usage de la force qu’en cas de nécessité, un argument rejeté par les opposants.

Un manifestant a été tué dans la ville de Loikaw, dans le nord-est du pays, a rapporté le site d’informations Myanmar Now. Selon des messages diffusés sur les réseaux sociaux, une autre personne a été abattue à Rangoun, mais Reuters n’a pu vérifier l’information.

PLUS DE 232 MORTS DEPUIS LE PUTSCH

Le nombre de personnes tuées depuis le début de la contestation s’élève désormais à au moins 232, selon le dernier décompte de l’Association d’assistance aux prisonniers politiques.

A Rangoun, la plus grande ville du pays, la police a forcé la population à dégager les barricades érigées par les manifestants, ont indiqué des habitants.

Des manifestations ont aussi eu lieu dans la seconde ville du pays, Mandalay, ainsi qu’à Myingyan et Katha, dans le centre du pays, et à Myawaddy, dans l’est, ont indiqué des médias et des témoins.

Les pays occidentaux ont condamné le coup d’Etat en Birmanie et exhorté la junte à mettre fin à la violence et à libérer Aung San Suu Kyi, la dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) dont le parti a largement remporté les dernières élections en novembre.

L’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), présidée par l’Indonésie, a proposé sa médiation mais peu de progrès ont été enregistrés depuis la réunion du 3 mars.

Le président indonésien, Joko Widodo, a réclamé vendredi le rétablissement de la démocratie en Birmanie et la fin de la violence. Il a proposé aux dirigeants des pays d’Asie du Sud-Est une nouvelle rencontre pour débattre de la situation dans le pays.

« L’Indonésie demande instamment que le recours à la violence en Birmanie cesse immédiatement afin qu’il n’y ait plus de victimes », a-t-il déclaré dans un discours en ligne.

« La sécurité et le bien-être de la population doivent être la priorité absolue. L’Indonésie appelle également au dialogue (…) pour restaurer la démocratie, restaurer la paix et restaurer la stabilité », a-t-il plaidé.

L’envoyé de la Birmanie aux Nations Unies, qui s’est publiquement désolidarisé de la junte, a déclaré qu’un comité rassemblant des parlementaires évincés par l’armée réfléchissait aux moyens de rendre les personnes commettant des violences responsables de leurs actes.

« Saisir la CPI est un des moyens envisageables », a annoncé Kyaw Moe Tun lors d’un évènement à New York. « Nous nous devons d’étudier tous les moyens à notre disposition pour porter le dossier devant la cour. »

Mercredi, des enquêteurs de l’ONU ont lancé un appel à la population birmane pour qu’elle collecte et conserve les preuves documentaires des exactions commises par l’armée depuis le coup d’État du 1er février, afin de constituer de futurs dossiers contre ses dirigeants.

L’Union européenne doit approuver lundi des sanctions contre le régime militaire responsable du coup d’Etat en Birmanie. Ces sanctions concerneraient de grandes entreprises birmanes contrôlées par l’armée, selon les déclarations de deux diplomates et deux documents internes que Reuters a pu consulter.

Par Ed Davies et Robert Birsel – Reuters – 19 mars 2021

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