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Birmanie : l’UE sanctionne la junte pour la répression sanglante des manifestants

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Les 27 ministres des Affaires étrangères, réunis physiquement réunis à Bruxelles ce lundi 22 mars, ont mis à exécution leur menace de sanctionner les responsables birmans de ce qu’ils qualifient désormais officiellement de coup d’État en Birmanie. Ils pointent également du doigt la répression meurtrière des opposants qui se poursuit aujourd’hui, tandis que les Birmans continuent de manifester dans tout le pays.

Le chef de la junte militaire, le général Min Aung Hlaing, commandant en chef des forces armées birmanes, figure au premier rang de la liste des personnes frappées de sanctions, depuis ce lundi, par l’Union européenne.

Au total, dix militaires, parmi les plus hauts gradés de l’armée, se retrouvent désormais sanctionnés, dont l’adjoint de Min Aung Hlaing, Soe Win. La onzième personne sur cette liste est Thein Soe, le nouveau président de la Commission électorale, qui a annulé les élections de 2020.

L’UE les frappe des sanctions classiques : à savoir, l’interdiction de pénétrer sur le territoire européen ou d’y passer en transit. Ces onze responsables birmans voient aussi gelés leurs avoirs éventuellement détenus en Europe. En outre, il est désormais interdit à toute personne ou entité européenne de leur fournir des fonds.

Une réponse ferme, selon l’UE, à la répression brutale de la junte contre des manifestants pacifiques. Les violences atteignent un niveau « absolument inacceptable », a estimé le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.

Au total, 25 Birmans sanctionnés par l’UE

Les Européens soulignent que ces sanctions portent au total à 25, le nombre de Birmans sanctionnés nommément, en comptant les responsables des atrocités commises contre les Rohingyas.

Ceci s’ajoute aussi à l’embargo sur les armes et les équipements de surveillance des communications toujours en place et à la suspension de toutes les aides financières destinées au gouvernement birman.

Le bilan des victimes s’alourdit

Depuis le coup d’État du 1er février qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi, plus de 2 600 personnes ont été arrêtées et quelque 250 tuées, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Le bilan des victimes pourrait être plus lourd, souligne cette organisation locale de défense des droits de l’homme.

En Birmanie, les connexions internet mobiles sont coupées ainsi que plusieurs réseaux wifi et seuls les journaux d’État sont actuellement disponibles. Les médias locaux indépendants, dont Mizzima, ont vu leurs licences révoquées.

Les opposants au coup d’État ont décidé de manifester de jour, mais aussi de nuit, nouveau défi à la répression.

Des manifestations au petit matin  

À Mandalay, dans le centre du pays, capitale culturelle et deuxième ville du pays, des manifestants, dont des enseignants, ont comme la veille défilé en nombre avant l’aube ce lundi, avec pour certains des pancartes appelant l’ONU à intervenir.

Huit personnes ont été tuées dimanche et une cinquantaine de personnes blessées dans cette ville, a indiqué à l’AFP une source médicale.

Des tirs d’armes automatiques ont pu être entendus dans un quartier jusque vers 23h (heure locale). « Les gens étaient complètement effrayés et se sont sentis dans l’insécurité toute la nuit », a expliqué un médecin par téléphone à l’AFP.

Pour s’élever contre la brutalité de la répression, un groupe de médecins de Mandalay a organisé une « manifestation de pancartes » alignées dans la rue comme autant de manifestants virtuels, a rapporté le média indépendant Voice of Myanmar. Des moines ont tenu une manifestation similaire.

À Rangoun, capitale économique et principale ville du pays, des manifestations se sont également déroulées tôt lundi dans certains quartiers. Des automobilistes klaxonnaient en signe de soutien.

Les Birmans réclament une intervention de l’ONU

À Hlaing, banlieue de Rangoun, des habitants ont lancé de centaines de ballons rouges munis d’affiches réclamant une intervention de l’ONU, selon des médias locaux.

La situation reste très tendue à Rangoun où deux des cinq millions d’habitants sont soumis à la loi martiale. À Monywa, des centaines de personnes ont manifesté lundi au lendemain de la mort d’un manifestant, selon des médias locaux.

Les condamnations internationales s’enchaînent, laissant jusqu’à présent les généraux de marbre. Avant les sanctions décidées par l’UE, les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient pris des mesures punitives.

L’Indonésie et la Malaisie demandent une réunion d’urgence de l’Asean

Les voisins de la Birmanie élèvent aussi la voix au sein de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est), à laquelle appartient la Birmanie et qui n’interfère habituellement pas dans les affaires d’un État membre.

L’Indonésie et la Malaisie ont appelé à une réunion d’urgence des dix pays de l’Asean pour discuter de la crise birmane. Le ministre des Affaires étrangères de Singapour, Vivian Balakrishnan, entame lundi à Bruneï, qui préside cette année l’ASEAN, une tournée qui le conduira aussi en Malaisie et en Indonésie.

Par Pierre Benazet – Radio France Internationale – 22 mars 2021

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