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Sahak Samai : la renaissance de l’art contemporain au Cambodge

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Lorsque l’on regarde la scène culturelle et artistique cambodgienne, l’art contemporain semble être en plein essor ces dernières années. Dire qu’il aurait tardé à émerger au Cambodge serait biaisé. Le pays a connu une longue coupure à l’arrivée des Khmers rouges dont il se remet doucement, plusieurs décennies.

Face à la multiplication des galeries d’art dans le pays, lepetitjournal.com a décidé de s’intéresser à l’origine de ce boom artistique.

La lente réintroduction de l’art contemporain cambodgien

L’art contemporain au Cambodge prend ses racines dans les années 1960 après le départ des colonisateurs français. L’élan est cependant rapidement interrompu par la guerre civile, le génocide des Khmers rouges et la guerre du Vietnam. À l’image de toutes les exterminations de masse, les artistes et les intellectuels sont les premières victimes. L’éradication de l’art local est l’étape essentielle à la surpression totale de la culture des populations lors d’un génocide.

Lorsque l’art contemporain commence à relever d’une dynamique mondiale dans les années 1980, le Cambodge, lui, est toujours en proie à la guerre civile et à l’occupation vietnamienne.

Reaksmey Yean, conservateur et gérant de l’espace d’art Silapak Trotchaek Pneik (STP), considère que c’est la création de Phare Ponleu Selpak, qui marque la réapparition de l’art contemporain au Cambodge. Il a lui-même passé une majeure partie de sa scolarité dans cette école d’art à Battambang. Cette formation permet aux jeunes de développer leur créativité, d’accéder à une carrière artistique et de promouvoir l’art dans le pays.

Le mérite d’avoir considérablement participé à la renaissance de l’art contemporain au Cambodge incombe également au Reyum Institute, fondé en 1998 par Ly Daravuth et Ingrid Muan. Dédié à la préservation de la culture et l’art traditionnel et contemporain, l’institut inclut une galerie et un centre culturel.

Plus généralement, la renaissance de l’art est, selon Reaksmey, le fait des institutions non-gouvernementales, mais également de l’Institut français qui fut l’un des acteurs clé dans la phase initiale de la réintroduction à la fin des années 2000.

L’art contemporain est donc apparu au Cambodge avant même la très récente invention du terme pour le désigner : Sahak Samai.

« Le Cambodge n’est pas un pays à culture unique, il est donc inévitable que de nombreux aspects, influences et pratiques artistiques soient présents. L’art contemporain n’est pas un style, c’est juste un cadre et une théorie, et c’est aussi le point d’entrée pour essayer de faire un art qui soit pertinent pour les jours modernes, affirme Reaksmey Yean »


Si l’on ne peut pas définir clairement des caractéristiques propres à l’art contemporain cambodgien, celui-ci puise son inspiration dans la tradition.

Impliquer le gouvernement cambodgien dans le développement de l’art contemporain

Plus récemment, le développement de l’art contemporain cambodgien a pris un nouvel élan sous l’impulsion du ministère de la Culture qui lui a créé un département dédié avec un artiste à sa tête, Chhim Sothy. Cette implication est vitale pour les artistes puisque organiser un événement artistique soutenu par les autorités cambodgiennes est nécessaire pour sa visibilité.

L’engagement accru du gouvernement dans le domaine de l’art en général, est marqué par sa volonté de faire reconnaître la danse et la gastronomie cambodgienne au patrimoine mondial de l’UNESCO.

C’est dans cet objectif qu’Art Forum s’est créé, réunissant le ministère de la Culture, l’UNESCO et de nombreux artistes. En cours de perfectionnement, ce projet, va rassembler toutes les parties prenantes liées à l’art, sous l’oeil attentif de Beyond Retail Business (BRB), la société de conseil qui accompagne le projet, dont le travail est de promouvoir les produits et l’art cambodgiens.

Après une longue pause, l’art contemporain au Cambodge peine à revenir sur le devant de la scène mais la multiplication des galeries et des attentions portées à ce domaine ces dernières années sont encourageantes. Art Forum va devoir fonder les techniques de mise en valeur de l’art contemporain, presque inexistantes au Cambodge. Pour cela, la première mission qu’il s’est donnée est de s’accorder sur la définition de ce dernier, les domaines et les arts qu’il inclue. Cadrer, promouvoir, faire rayonner la culture khmère au Cambodge et au-delà des frontières, ce projet est une véritable mine d’or pour la protection de l’art contemporain.

Pour Anne-Laure Bartenay, co-fondatrice de BRB, le but n’est évidemment pas de remplacer l’art classique khmer par un art contemporain prenant ses inspirations à l’international. La recherche d’une continuité est de mise, le second trouvant ses bases dans la tradition.

« L’art est cyclique, on reprend et on transforme. L’art contemporain peut être une manière de transmettre l’art traditionnel au plus jeunes, affirme-t-elle »

Cette idée d’évolution et de continuité est parfaitement incarnée par  New Cambodian Artists, une troupe de danse basée à Siem Reap fusionnant la danse traditionnelle khmère et la danse contemporaine.

La transformation, la modernisation de l’art classique est pour Anne-Laure une étape clé pour la compréhension et l’appréciation de l’Art et de la culture cambodgienne par les jeunes Khmers. C’est d’ailleurs sur cette nouvelle génération que repose le renouveau de l’art. Si les anciens n’avaient uniquement comme exemples les temples, leurs sculptures et leurs gravures, la jeunesse peut désormais puiser son inspiration dans sa coutumes, mais également dans la modernité par le biais d’Internet.

« Tout vient des temples, c’était cela l’inspiration des artistes. S’il n’y a que cela, la créativité et l’art contemporain ne peuvent pas se développer, certifie Anne-Laure »

Cette dernière porte d’immenses espoirs quant au développement de l’art et du pays plus généralement.

« Le Cambodge s’est reconstruit depuis la fin des années 1990, il n’y a même pas une génération. Ils ont déjà accompli énormément en 20 ans. »

Par Juliette Fontaine – Lepetitjournal.com – 28 mars 2021

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