Le sommet sur la Birmanie, un test pour la crédibilité de l’ASEAN
Le sommet sur la crise en Birmanie qui se tient ce week-end en Indonésie sera un test pour la crédibilité et l’unité de l’ASEAN, a déclaré jeudi un haut responsable thaïlandais, dont le pays partage une frontière avec cette nation en proie aux violences.
L’armée birmane a intensifié le recours à la force alors qu’elle cherche à réprimer les manifestations de masse contre la junte, avec environ 250 000 personnes désormais déplacées, selon le rapporteur spécial de l’ONU Tom Andrews.
Au moins 739 morts durant la répression
Les forces de sécurité birmanes ont tué au moins 739 personnes depuis le coup d’État militaire du 1er février qui a chassé du pouvoir la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi, selon le décompte tenu par l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).
Les dirigeants et ministres des Affaires étrangères des dix pays de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN) doivent se réunir samedi à Jakarta afin d’étudier la situation en Birmanie.
Le chef de la junte Min Aung Hlaing se rendra en Indonésie pour le sommet, ce qui sera son premier déplacement à l’étranger depuis le putsch, a rapporté le journal Nikkei Asia.
Sa participation au sommet est sévèrement critiquée par des activistes, des groupes de défense des droits humains, et par le gouvernement fantôme créé récemment par des députés du parti d’Aung San Suu Kyi qui auraient vouu être invités au sommet.
Le président indonésien Joko Widodo et le premier ministre thaïlandais Prayut Chan-O-Cha ont discuté de ce sommet lors d’un appel téléphonique jeudi matin.
Au cours de la conversation, le général Prayut a reconnu que la situation en Birmanie était une question difficile pour la paix et la stabilité dans la région, selon un communiqué de presse.
Le porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, Tanee Sangrat, a confirmé que le premier ministre enverrait le ministre des Affaires étrangères Don Pramudwinai à sa place.
Les pays de l’ASEAN sont conscients des attentes internationales pour obtenir des résultats concrets des pourparlers, a déclaré le porte-parole.
« Il appartient maintenant aux membres de la famille de l’ASEAN, y compris la Birmanie, de sauvegarder l’unité et la crédibilité de l’ASEAN », a déclaré Tanee lors d’une conférence de presse en ligne jeudi.
La Chine, qui n’est pas membre de l’ASEAN, mais est un allié clé des militaires birmans, a déclaré que le sommet devait amener à la « réconciliation politique » dans le pays.
Le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré que Pékin espérait que le sommet permettrait un « atterrissage en douceur » dans cette crise, dans des propos rapportés par l’agence Chine Nouvelle.
L’envoyée spéciale des Nations Unies pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, devait quitter Bangkok pour Jakarta pour des réunions en marge du sommet.
À New York, un projet de résolution appelant la Birmanie à retrouver une transition démocratique et à libérer ses dirigeants civils est discuté à l’Assemblée générale de l’ONU et pourrait être mis au vote en fonction du résultat du sommet de l’ASEAN, selon des diplomates.
Initié par le Liechtenstein, le texte, s’il est adopté, n’aura pas de valeur contraignante, mais une forte portée politique dans le cadre des pressions internationales exercées sur la junte depuis le coup d’État du 1er février.
La condamnation internationale du coup d’État et de la violence continue de s’accroître, les sanctions internationales aussi, mais la junte a jusqu’à présent largement fait la sourde oreille face aux critiques.
Le Trésor américain a annoncé mercredi des sanctions contre les sociétés publiques birmanes qui contrôlent les exportations de bois et de perles sur sa liste noire, affirmant qu’elles génèrent des revenus pour la junte militaire.
Agence France Presse – 22 avril 2021
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