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Le Cambodge n’échappe plus à la pandémie et les plus pauvres sont durement touchés

Un an après le début de l’épidémie, l’Asie du Sud-Est connaît sa réelle première vague. Au Cambodge, où l’on pensait y échapper, les plus précaires sont touchés de plein fouet.

Pour la première fois en trois semaines, Seanglim a retrouvé le 6 mai un semblant d’activité économique. Avec la levée du confinement dans la capitale cambodgienne Phnom Penh, la vendeuse de 55 ans a pu poser son stand mobile de goyaves et ramboutans en face du marché couvert de Kandal, dont les portes restent désespérément closes. Avant, je vendais des habits à l’intérieur. Mais tous les marchés de la ville ont dû fermer à cause du Covid-19 , explique Seanglim. Alors je m’adapte : à défaut des vêtements, je vends des fruits car les gens ont besoin de nourriture.

Explosion des cas en deux mois

Comme la Thaïlande, le Laos ou le Vietnam voisins, le Cambodge fait face à sa première réelle vague de contaminations au Sars-Cov2, un peu plus d’un an après le début de la pandémie.

En deux mois, le nombre de cas a explosé : le pays avait enregistré seulement 500 cas du virus en 2020, contre plus de 19 700 aujourd’hui, ainsi que 126 décès. Ces chiffres restent faibles comparés au reste du monde mais sont inédits dans ce pays de 15,5 millions d’habitants, où des contrôles stricts aux frontières avaient jusque-là contenu l’épidémie.

Je ne m’attendais pas à ce que le Covid-19 arrive au Cambodge car on se sentait protégés. Mais désormais, il faut faire attention, comme ailleurs​, poursuit la vendeuse qui se lave méthodiquement les mains avec du gel hydroalcoolique entre chaque client. Quelques mètres plus loin, un autre vendeur s’inquiète : Quand on voit la situation en Inde, j’ai peur qu’on connaisse la même chose à notre échelle.

Depuis la fermeture du marché, Samboeurn vend ses produits dans un tuk-tuk ambulant qu’il a aménagé pour l’occasion, pris de court par la détérioration de la situation. J’aurais aimé mieux me préparer financièrement , regrette-t-il. Mais je gagne trop peu d’argent, et je dois rembourser un emprunt à la banque. Avec ça, impossible de mettre de côté !

Dans la capitale, des centres de soin ont vu le jour dans des halls d’exposition ou des écoles. Les cas les plus graves sont traités à l’hôpital, mais les cas légers arrivent ici car les autorités ne veulent pas laisser les personnes positives en liberté, de façon à briser la chaîne​, explique Peuv. L’infirmier travaille dans l’un de ces centres, où les 2 500 lits se sont remplis en quelques jours. Je n’avais jamais imaginé que le nombre de cas augmenterait à une telle vitesse​, confesse-t-il.

Pas d’alternative au déconfinement

Dans ce contexte, le déconfinement n’est-il pas prématuré ? Selon Ou Virak, fondateur du think tank Future Forum, il n’y avait pas d’alternative. On ne peut pas adopter un confinement strict, sans soutenir socialement la population​, assure-t-il. Or le Cambodge, n’a pas les moyens de fournir des aides sociales à grande échelle, donc il faut trouver un équilibre.

Pour le chercheur, le gouvernement cambodgien s’est globalement bien préparé ​au scénario actuel, grâce à des campagnes de prévention ou l’instauration d’un couvre-feu il y a déjà plusieurs mois.

Vaccination pour tous les adultes

Mais il souligne plusieurs ratés : Les zones les plus touchées par le virus sont encore confinées. Les habitants ne peuvent pas travailler et viennent à manquer de nourriture. Le gouvernement n’avait pas anticipé le niveau de pauvreté dans lequel ces populations allaient plonger si l’épidémie frappait le Cambodge.

Le salut pourrait venir de la vaccination, ouverte à toutes les personnes de plus de 18 ans. En quelques semaines seulement, 10 % des adultes ont reçu leurs deux injections, principalement avec l’un des deux vaccins chinois, Sinovac ou Sinopharm.

Par François Camps – Ouest France – 10 mai 2021

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