En Birmanie, une ancienne miss prend les armes contre la junte militaire
Représentante de la Thaïlande dans un concours de beauté en 2013, Htar Htet Htet a rejoint les rangs des factions rebelles opposées à la junte militaire depuis plus d’un mois. Déterminée, elle se dit « prête à payer de sa vie » pour son combat.
Des concours de beauté à la lutte armée contre la junte, Htar Htet Htet a un parcours étonnant. Depuis plus d’un mois, elle vit dans la jungle dans un territoire contrôlé par une des multiples guérillas ethniques du pays. Aux côté des rebelles, elle y apprend le maniement des armes.
T-shirt et treillis noir, AK-47 en bandoulière, la jeune femme de 31 ans s’affiche fièrement sur sa page Facebook. Elle enjoint ses compatriotes à lutter de quelque façon que ce soit pour la démocratie : « Que vous teniez une arme, un stylo (…) ou que vous donniez de l’argent au mouvement pro-démocratie, chacun doit faire sa part pour que la révolution réussisse », écrit-elle sur le réseau social. « Le temps est venu de riposter » à la répression sanglante de la junte.
Les combats s’intensifient
Le 1er février, un coup d’État militaire a renversé le gouvernement d’Aung San Suu Kyi. D’après une ONG birmane, plus de 780 civils dont des femmes et des enfants ont été tués par les forces de sécurité depuis ce coup militaire. Depuis, des manifestations se poursuivent malgré la répression, et des grèves bloquent de nombreux secteurs de l’économie locale.
Les combats s’intensifient entre l’armée et plusieurs groupes ethniques, et des milliers d’opposants à la junte ont fui les exactions dans les villes pour rejoindre ces rebellions dans les régions frontalières du nord et de l’est du pays.
« Nous ne rentrerons chez nous que quand nous aurons gagné »
Sans révéler pour quel groupe armé elle se bat, Htar Het Htet se dit déterminée. « Je me défendrai autant que je le pourrai. Je suis prête à tout abandonner (…) à payer de ma vie. Nous ne renterons chez nous que quand nous aurons gagné. »
Ancienne athlète reconvertie en professeur de gymnastique, elle avait participé en 2013 à la première édition de Miss Grand International, un concours de beauté lors duquel elle avait représenté son pays.
Très active sur sa page Facebook qui compte plus de 300 000 abonnés, elle y dénonce la prise de pouvoir par la junte et réclame la libération d’Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix 1991. Les photos de reines de beauté en maillots de bain sont remplacées au jour le jour par un compte-rendu méticuleux des évènements: les manifestations massives contre les militaires, les grèves qui secouent le pays, les exactions des forces de sécurité et les civils tués.
Soutenue sur les réseaux sociaux
« Je ne fais pas de politique. Mon but est juste de renverser cette dictature maléfique », écrit-elle. En mars, elle confiait craindre une arrestation lors d’une des opérations menées par les forces de sécurité.
Pour ces dernières, les célébrités sont des cibles de choix. L’armée craint que leurs messages sur Facebook, l’un des moyens de communication privilégié dans le pays, provoque des mutineries dans des rangs.
Quelques semaines après ce message, Htar Htet Htet rejoint la guérilla. Un engagement salué par de nombreux birmans sur les réseaux sociaux : « Respect ma chère sœur », « Que la force t’accompagne dans les forêts et les montagnes ».
Le Bien Public avec Agence France Presse – 13 mai 2021
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