Birmanie : comment les artistes soutiennent la résistance
Cela fait maintenant quatre mois que la junte militaire a pris le pouvoir en Birmanie. Si dans les rues, les manifestations se font plus rares devant la violence de la répression, la contestation se poursuit ; mardi 31 mai, des centaines de milliers d’élèves et d’enseignants boycottent la réouverture des écoles. Cette contestation est soutenue par des activistes et des artistes qui s’adaptent aux nouvelles formes de la résistance.
Khin a installé son studio de photo dans un lieu tenu secret. Et pour cause, elle photographie des meneurs de la résistance. Sur un fond noir, elle a écrit les slogans de la révolution, et place ses modèles devant. « J’ai voulu photographier l’un de mes amis, mais il a été récemment arrêté, confie-t-elle. C’est ça qui est aussi très important dans la révolution. Je veux documenter au cas où quelque chose leur arrive. »
Quatre mois après le coup d’État, la jeune femme accuse encore le choc : « Au début, en février, mars, je me disais qu’on se donnait six mois, et que si y travaillait tous, qu’on y mettait toute notre énergie, on pourrait stopper les militaires, mettre un terme à tout ça en six ou cinq mois. Je réalise aujourd’hui que c’est un travail de long terme. »
« Comme un parti unique »
Même si le gouvernement parallèle formé par le parti d’Aung San Suu Kyi reste le point de ralliement de la résistance, pour Khin, il est loin d’être représentatif des ethnies du pays et des idéaux de fédéralisme qu’il défend. « J’ai remarqué que les jeunes, surtout les étudiants, ne font pas du tout confiance au NUG [le gouvernement d’unité nationale formé par des députés de la Ligue nationale pour la démocratie, NDLR]. Le parti d’Aung San Suu Kyi agit de façon centralisée, comme un parti unique dominant. Cette mentalité est toujours présente en eux. »
La jeune femme compte exposer son travail à l’étranger, et envisage d’aller trouver refuge en France dans les prochains mois.
Par Juliette Verlin – Radio France Internationale – 01 juin 2021
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