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Les Nations unies interpellent les « les forces armées de Birmanie »

Le 18 juin 2021, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution appelant « les forces armées du Myanmar à respecter la volonté du peuple librement exprimée par les résultats des élections générales du 8 novembre 2020, à mettre fin à l’état d’urgence, à respecter les droits Humains pour l’intégralité de la population du pays et de permettre une transition démocratique durable ». 

 Le texte vise les généraux birmans à l’origine d’une prise du pouvoir par la force le 1er février 2021 et le nouveau gouvernement qui en est issu.

La résolution exhorte aussi les États membres des Nations unies à « empêcher la circulation d’armes » vers la Birmanie et demande « la libération du président Win Myint, de la conseillère d’État Aung San Suu Kyi et de tous ceux qui ont été arbitrairement détenus, inculpés ou arrêtés ». Autres demandes, « l’arrêt des violences contre les manifestants pacifiques et qu’un accès humanitaire sûr et sans entrave soit ménagé pour toutes les personnes dans le besoin, y compris les détenus, de sorte qu’une aide humanitaire puisse être apportée sans entrave, notamment par l’Organisation des Nations Unies ».

Le Bangladesh très critique de la résolution

Enfin, ce texte soutient le plan d’action en cinq points de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (Asean) décidé le 24 avril 2021 à Djakarta, « pour faciliter une solution pacifique qui soit dans l’intérêt du peuple de Birmanie ». La résolution a été adoptée par 119 voix pour, sur 156 pays votants, 36 abstentions et une voix contre, celle de la Biélorussie. Comme toutes les résolutions de l’Assemblée générale, celle-ci n’est pas contraignante.

Cette forte majorité ne cache cependant pas les disparités d’opinions, les divisions voire des désaccords profonds parmi les votants. Ainsi, au sein même de l’Asean, quatre des dix membres de l’organisation se sont abstenus, soutenant de fait le gouvernement actuel : Brunei, Cambodge, Laos et Thaïlande. Timor Leste, qui est candidat à l’adhésion à l’Asean, s’est aussi abstenu, ainsi que de nombreux voisins, immédiats ou un peu éloignés, de la Birmanie : Bangladesh, Bhoutan, Chine, Inde, Mongolie, Népal, Pakistan, Russie, Sri Lanka…  

D’autres délégations, à l’instar de l’Iran et de l’Arabie saoudite, ont déploré un texte « incomplet » qui ne prend pas en compte tous les aspects de la situation que connaissent les musulmans rohingya.  « Très déçue » par ce texte, alors que son pays est en première ligne de la crise, la déléguée du Bangladesh aux Nations unies a en outre jugé qu’une résolution demeurera incomplète tant qu’elle ne formulera pas de recommandations concrètes en vue de s’attaquer aux causes profondes de ladite crise. 

La réponse du gouvernement birman

Petite humiliation pour le pouvoir actuel en Birmanie : l’ambassadeur du pays auprès des Nations unies, nommé par l’ancien gouvernement de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a pu voter en faveur de cette résolution car s’il a refusé de reconnaître le nouveau gouvernement, il continue à représenter son pays auprès des Nations unies. Il a d’ailleurs estime après le vote que « la résolution ne répondait pas à ses attentes car elle n’inclut pas un embargo sur les armes ». Une clause qui figurait sur des projets initiaux mais qui semble avoir été bloquée à l’initiative de l’Asean. Le texte final se contente donc de mentionner « d’empêcher le flux d’armes vers la Birmanie », ce qui concerne autant l’armée régulière birmane que les mouvements combattants.

Le ministère des Affaires étrangères birman a répondu dès le 19 juin, par des lettres d’objection au Secrétaire général des Nations Unies ainsi qu’au Président de l’Assemblée générale regrettant « description et des accusations unilatérales » et qualifiant « d’injuste » le vote des Nations unies. Le ministère condamne aussi la participation au vote de l’ambassadeur de la Birmanie car « il ne représente pas la Birmanie et sa participation à l’assemblée ainsi que son vote sont illégaux ». Ce qui est bien sûr très discutable puisque l’actuel gouvernement n’est pas officiellement reconnu par les Nations unies, pas plus que le gouvernement fantôme formé à l’étranger. Du point de vue des Nations unies, le dernier représentant d’un gouvernement reconnu par l’organisation à avoir présenté ses lettres de créance est bel et bien l’ambassadeur actuellement en place.

Le ministère des Affaires étrangères birman conclut finalement que « la Birmanie apprécie la contribution de la communauté internationale aux efforts visant à surmonter les troubles actuels mais qu’elle ne peut accepter aucune action qui interfère avec ses affaires internes et sa souveraineté ». Ajoutant que « la Birmanie continuera à entretenir de bonnes relations avec la communauté internationale, conformément à ses politiques, tout en œuvrant pour les intérêts de la nation, tels que la paix éternelle et le développement continu ».

Lepetitjournal.com – 21 juin 2021

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